Si belle, mais si morte

Rosa Mogliasso

Finitude

  • Pas indispensable

    À tour de rôle, plusieurs personnes découvrent un cadavre au bord du fleuve. Mais au lieu de prévenir immédiatement la police comme le voudrait le bon sens, ils passent tous leur chemin sans lever le petit doigt. Ils arrivent tous à se persuader qu’ils ont une très bonne raison pour ne rien faire et que de toute façon, quelqu’un d’autre le fera à leur place…
    Cependant, cela ne s’arrête pas là. Ils doivent vivre avec leur couardise, ce qui est loin d’être facile. Car la morte vient les hanter. Leur décision les ronge de l’intérieur, les obligeant à regarder en face leur vraie nature. Il y a ceux qui se mettent à la place de la victime, ceux qui pensent à leur âme, ceux qui croient au karma… Quelle qu’en soit la raison, ils doutent de leur choix.
    Ce tout petit roman s’intéresse de près à un phénomène psycho-social des plus étranges : l’effet du témoin ou diffusion de la responsabilité. C’est ce qui arrive parfois en situation d’urgence. Pourquoi agir quand quelqu’un d’autre peut le faire… Et malheureusement, au final, personne n’agit, amenant à de tragiques résultats.


    Ici, Rosa Mogliasso s’est intéressée aux témoins refusant d’agir. Elle se met à leur place, essaye de comprendre ce qui peut les pousser à ne rien faire. Mais surtout, elle tente d’imaginer comment ces personnes vivent ensuite avec leur lâcheté. Et elle le fait très bien.

    Cependant, j’ai trouvé cela brutal. On entre dans leur vie, on apprend à les connaître et on s’en arrache tout aussi vite. Bien sûr, ce ne sont pas les personnages le véritable sujet du roman mais bien leurs comportements et sentiments. Mais même en sachant cela, tout ce qui me reste à la fin de cette lecture, c’est un sentiment d’inachevé. Comme si le roman était incomplet…

    En conclusion, un roman qui permet de dénoncer intelligemment un phénomène sociologique et d’en comprendre – ou du moins, essayer – les mécanismes. Cependant, il n’a rien de transcendant.