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    13 avril 2019

    Certains jours la rivière est incompréhensible

    Jim Harrison nous est surtout connu comme romancier, mais il n'a cessé d'écrire et de publier des poèmes. Ce recueil est un choix judicieux de poèmes publiés entre 1965 et 2010, un bel aperçu de sa voix inimitable, pleine d'autodérision et de gravité. Jim Harrison se coule dans des formes variées, comme une rivière suit son cours : haïkus (à la sauce Harrison!), suites de notations au fil de l'eau, poèmes en prose, portraits, souvenirs, dialogues ... Poésie zen, parce qu'il pratique cet art à sa manière depuis longtemps, non comme une religion mais comme une certaine façon de regarder le monde : "Cela me semblait pour moi la meilleure manière d'aller au cœur des choses". Les lynx, les corneilles, les cougars et les rivières lui sont à la fois très familiers et toujours autres. "Nous sommes ici pour être curieux et non consolés", dit-il dans le long et merveilleux poème "La fenêtre d'or".
    Curiosité, avidité de voir, de toucher, de saisir et de goûter ce monde :
    "Je crois à d'abrupts à-pics, à l'orage sur le lac
    en 1949, aux vents glacés, aux piscines vides,
    au sentier invisible menant à la rivière, à l'ail frais,
    aux pneus usés, aux bars, aux saloons, aux tavernes,
    aux litrons de vin rouge, aux fermes abandonnées ...
    aux filles qui n'ont pas viré complètement barjot ..."