La Loi de la mer, Récit

Davide Enia

Albin Michel

  • Conseillé par (Libraire)
    27 septembre 2018

    Davide Enia signe le roman qui -peut-être-, vous habitera le plus de cette rentrée. Intime, poignant mais jamais larmoyant, il nous raconte ses années passées à Lampedusa auprès des habitants de cette île à la place si particulière : celle de la première terre où accoster pour les radeaux de milliers de migrants partis de Libye.

    Du plongeur sauveteur tendance extrême droite au vieil homme s'occupant du cimetière, en passant par le garde-côtes à l'allure de samouraï, tous agissent sous l'égide de la loi de la mer, celle où qui que ce soit à l'eau doit être sauvé. Loin de l'escalade sensationnaliste, l'humain reprend ici ses droits, sa force et la splendeur de ses liens !


  • Conseillé par
    3 décembre 2018

    Durant trois ans, Davide Enia s'est rendu à Lampedusa seul ou accompagné de son père. Il a rencontré, écouté des insulaires comme Paola et Melo qui l’ont hébergé, un plongeur sauveteur, un pêcheur, des bénévoles, et d'autres hommes et femmes qui aident les migrants arrivant par la mer. Avec une pudeur touchante, ils ont confié à l'auteure les débarquements, les drames, la peur refoulée, les petites ou les grandes victoires. « Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer. » Tous ont été marqués par la tragédie du 3 octobre 2013 et son cortège de morts, et tous doivent vivre avec.

    Pas de sensationnel ou de vantardise, on y parle avant toute chose d’humanité et de bienveillance. Davide Enia ne livre pas une série de de témoignages, non, ils sont intégrés dans le contexte. On voit les visages ou l’aridité de Lampedusa, les larmes qui s’échappent, on entend la mer et les émotions poignantes qui font chavirer « quand tu as trois personnes en train de couler près de toi, et cinq mètres plus loin une mère et un bébé qui se noient, tu fais quoi ? Tu vas vers qui ? Tu sauves qui en premier ? Les trois qui sont devant toi, ou la mère et son nouveau-né là-bas ? ».

    Ce livre se ressent tant il bouleverse et questionne. L’auteur a su joindre une histoire plus personnelle à ce récit de façon naturelle. Avec une écriture superbe (un grand bravo à la traductrice), Davide Enia se fait passeur de ces récits, de sa relation avec son père et son oncle. C’est beau, émouvant et terriblement fort.

    "On parle des êtres humains sous forme de chiffres et de statistiques, alors qu'une personne, c'est beaucoup plus. Une personne ça a des espoirs et des inquiétudes, des désirs et des tourments."


  • Conseillé par
    10 septembre 2018

    Un récit d'une grande retenue, qui rend les drames encore plus éclatants.

    On peut se dire en ouvrant ce livre qu'on sait déjà tout sur Lampedusa, ou presque. Mais la force de Davide Enia, c'est qu'il ne cherche pas à frapper les esprits par une surenchère de drames ; il connait l'île et ses hôtes ; il s'y rend avec son père, comme pour recoller une blessure. Il s'avance par petites touches sensibles et nous fait peu à peu rentrer dans la vie de quelques insulaires "héroïques". Nous entendons leurs récits, mais aussi, toujours, le contexte sensible, concret qui les accompagne : le vent de la mer, le sel, les pâtes d'un repas simple, et aussi les silences, les gestes anodins qui en disent parfois beaucoup. Une grande retenue, donc, qui rend les drames encore plus éclatants. Après la lecture, les informations sur cette île délivrées par les médias prennent un tout autre sens.
    Frédéric