Edmond

Alexis Michalik

Rue de Sèvres

  • Conseillé par (Libraire)
    10 décembre 2018

    Epoustouflant !

    Mettre en BD une pièce de théâtre est une chose rare. Quand cette pièce, « Edmond », est la pièce de théâtre de la décennie, la gageure est encore plus difficile. Léonard Chemineau avec maitrise et fidélité réussit ce passage de la scène au papier. Époustouflant.

    Novembre 2017. Théâtre de la Porte Saint Martin. Les décolletés pigeonnants sont au balcon. L’amant se cache. Les portes claquent. Le public debout applaudit.
    Novembre 2018: les traits de crayon serrent les tailles dans d’étroits corsets. La maîtresse dans une bulle exprime son désir: « Chhh … ». Les pages claquent au rythme d’une lecture effrénée. La critique est unanime.
    Un an après le succès total de « Edmond » d’Alexis Michalik qui récolta cinq Molière, Léonard Chemineau réussit à la perfection l’adaptation en BD de cette pièce de théâtre au rythme endiablé et aux mille rebondissements.

    La pièce de Michalik racontait la création de l’oeuvre majeure d’Edmond Rostand, le fameux « Cyrano de Bergerac » écrit en moins de trois semaines alors qu’il est vrai, « Molière a bien monté Tartuffe en 8 jours ». Paris, décembre 1897, Edmond Rostand vient de subir un terrible échec avec « La princesse lointaine ». Ruiné, Edmond tente de convaincre un grand acteur en vogue de jouer dans sa future pièce, une comédie héroïque, en vers. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des difficultés drôles ou dramatiques mais infinies, Edmond se met à écrire cette oeuvre à laquelle personne ne croit. Le bruit, l'agitation frénétique sans repos, Léonard Chemineau a réussi par son dessin clair et classique a le restituer en mettant ses couleurs directes en page de manière sage au départ, comme pour poser le décor, avant d’insuffler un rythme effréné à ses dessins qui explosent et virevoltent pour jaillir notamment en deux double-pages magistrales. Le contexte de l’époque est parfaitement restitué dans le dessin de lieux et de costumes magnifiés par la précision du trait.
    Alors comme au théâtre, les regards amplifiés par le coup de crayon sont faits pour être décelés au dernier rang. Comme au théâtre les gestes brassent impunément l’air. Comme au théâtre, quand la pièce est réussie, les vivats de la foule font se baisser les acteurs sous la lumière. Comme au théâtre, le lecteur peut applaudir dans son fauteuil.

    Passer des planches aux planches c’est que cette BD réussit à merveille avant que Edmond ne soit porté à l’écran, comme le prévoyait l’écriture initiale.


  • Conseillé par
    11 novembre 2018

    Paris, 1897, Edmond Rostand est un auteur de théâtre qui n'a écrit que des fours, même s'ils sont joués par la grande Sarah Bernhardt. Un jour, elle débarque chez Rostand et lui annonce qu'il doit écrire une pièce pour l'acteur de l'époque Constant Coquelin. Sans la moindre idée en tête, Edmond Rostand qui parvient à peine à nourrir sa femme et ses deux enfants, va voir Coquelin et, en chemin, s'arrête dans un café tenu par Honoré, un homme noir épris de poésie. C'est là, en entendant une tirade d'Honoré, puis en s'inspirant de la vie de Cyrano de Bergerac, qu'il a l'idée de ce qui deviendra le plus grand succès du répertoire français.

    J'avais adoré "Edmond" d'Alexis Michalik, et je n'avais pas vraiment d'appréhension à l'ouverture de l'adaptation en bande dessinée. D'abord parce que Léonard Chemineau, je l'ai déjà lu en collaboration avec Matz dans l'excellent "Le travailleur de la nuit" et ensuite, parce que les premières pages tournées, le charme agit et je n'ai pu m'empêcher d'aller au bout rapidement, quitte à relire en prenant plus mon temps pour bien voir les détails.

    J'aime beaucoup les dessins et les couleurs qui collent parfaitement à l'époque décrite. Léonard Chemineau joue avec les tailles des cases, parfois classiques, parfois une seule par page avec un encadré à l'intérieur, ou encore, très hautes -pour la scène du balcon et même totalement libres pour la dernière scène de la pièce.

    L'histoire est donc celle de la genèse de "Cyrano de Bergerac". Alexis Michalik racontait comment Edmond Rostand s'était inspiré de ce qu'il voyait et entendait autour de lui pour créer ses personnages, son intrigue. La BD rend tout cela merveilleusement bien. Tous les ingrédients sont présents : l'amour, la jalousie, l'action, l'angoisse du créateur, le stress nécessaire pour monter un spectacle en peu de temps, ... C'est virevoltant, enthousiaste, rapide, drôle, frais.

    Que demander de plus ? En fait, il ne me reste plus que la pièce à aller voir, tout le reste je l'ai fait et à chaque fois, c'est un coup de coeur.