Les gens de la clairière

Régis Rivald

Buchet-Chastel

  • Conseillé par
    23 avril 2019

    Par un bel été, des amis se retrouvent dans une maison nichée au bout d'un chemin de campagne, dans une trouée de la forêt. C'est presque le bout du monde.
    Très rapidement l'atmosphère devient inquiétante. Sous une chaleur accablante une menace rôde dans les herbes, plane dans les airs...
    Un orage éclate et c'est presque la fin du monde.
    En à peine 48 heures, adultes et enfants perdent leurs repères et doivent s'adapter à une situation chaotique qu'ils ne peuvent maîtriser. Pour eux c'est presque prendre une machine à remonter le temps qui les propulse de plus en plus vite vers un état quasi archaïque.
    Avec Les gens de la clairière l'auteur démontre qu'il s'en faut vraiment de peu pour que soit balayé, en un clin d'oeil de Dame Nature, tout ce que l'homme a mis des centaines d'années à construire. Non, elle n'est pas particulièrement bienveillante cette dame et n'a aucun égard pour l'homme. Toute puissante, elle fait ce qui lui chante. Cette idée donne toute son originalité à ce texte paru pour la première fois en 1971, clairement à contre-courant de l'idéologie hippie qui idéalisait alors un peu trop naïvement la générosité de la terre-mère. Le séjour des gens de la clairière sera aussi bref que l'a été la belle utopie. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir une métaphore du festival d'Almont en 1969 qui a tourné à la catastrophe avec 4 morts et aurait annoncé la fin du mouvement hippie, deux ans après le Summer of love.
    Au delà, ce roman rappelle à l'être humain sa véritable condition, c'est à dire pas grand chose face à la nature. Après la parution de cette courte histoire, Régis Rivald a mystérieusement disparu de la scène littéraire et c'est bien dommage. Son écriture vaut largement celle de nombre d'auteurs contemporains qui connaissent le succès.