Le prix de la vengeance, Six novellas

Don Winslow

HarperCollins

  • Conseillé par (Libraire)
    18 octobre 2020

    Attachez vos ceintures et foncez sur la mythique route 101 aux côtés de Don Winslow qui déploie encore une fois son talent fou dans 6 nouvelles haletantes et vrombissantes.
    6 itinérances sur le territoire américain où chacun(e) tente de se faire une place quel qu'en soit la manière et les conséquences...


  • Conseillé par
    5 décembre 2020

    Six novellas, j'apprends le terme à cette occasion : entre la nouvelle et le roman. C'est ce que j'appelle d'habitude court roman. Tous ont entre 80 et 95 pages, ce qui, pour Don Winslow, est très court, ses romans flirtant aisément avec les 500 pages.

    - Le prix de la vengeance : lorsque le frère du flic Jimmy McNabb, flic lui aussi, est victime des représailles d'un gros trafiquant que Jimmy a malmené, Jimmy décide de se venger. À tout prix.

    - Crime 101 : Davis est un cambrioleur organisé et rentable. Il ne travaille qu'aux alentours de la Highway 101, la Pacific Coast Highway, dite la PCH. Toujours seul. Que des gros coups. Jamais attrapé et pourtant un flic est sur ses traces, le lieutenant Lou Lubesnick.

    - Le zoo de San Diego : comment un chimpanzé a pu avoir en mains un flingue ? Et comment a-t-il réussi à s'échapper du zoo ? Chris Shea, policier patrouilleur, se pose ces questions lorsqu'il est appelé pour régler le problème.

    - Sunset : Duke Kasmajian est prêteur de caution, aussi lorsque l'un des mecs qu'il a libéré lui fausse compagnie, fait-il appel à Boone Daniels, surfeur et ami du fugueur, pour le retrouver.

    - Paradise : Ben, Chon et O., célèbres producteurs d'herbe tentent de s'installer à Hawaï, dans un endroit où le climat est excellent pour la production : pluie et chaleur. Mais les locaux ne voient pas leur arrivée favorablement, n'aimant point trop la concurrence.

    - La dernière chevauchée : Cal Strickland est flic aux frontières dans son Texas natal, là où un nombre important d'étrangers passent la frontière vers les États-Unis et se font arrêter et parquer dans des camps. Jusqu'à ce qu'il croise le regard d'une fillette, Luz, Cal ne se posait pas beaucoup de questions, se contentant de faire son travail. Mais ce regard le hante.

    Je tiens Don Winslow pour l'un des meilleurs auteurs de polars-thrillers étasuniens, mais je dois aussitôt confesser ma piètre connaissance ès auteurs de ce pays. Néanmoins, dans ce recueil, il montre son immense talent en écrivant des histoires très différentes dans le fond et la forme. Je retrouve par exemple le style et les personnages de Savages et Cool dans Paradise. De même dans Sunset, ceux de L'Heure des gentlemen et La Patrouille de l'aube. J'en découvre d'autres qui étaient peut-être dans d'autres romans précédents. Certains protagonistes d'une histoire jouent les seconds rôles dans une autre voire une simple apparition.

    Dans ces novellas, Don Winslow, qui parfois fait dans des descriptions très précises de lieux que je ne connais pas, de voitures en donnant marque, modèle et année, terriblement terre-à-terre, privilégie l'action et les personnages et les inscrit dans le contexte des États-Unis d'aujourd'hui qu'il ne ménage pas. Violence voire ultra-violence, perte d'humanité lorsque les immigrés sont enfermés dans des cages : "La première fois qu'il a vu la fillette, elle était dans une cage. Y'a pas d'autre mot pour ça, s'est dit Cal sur le moment. On peut bien employer des noms différents -"centre de rétention", "camp de rétention", "refuge temporaire"-, quand des personnes sont regroupées derrière un grillage, c'est une cage." (p. 457) Le constat est terrible pour une société qui s'individualise et ne prône que la réussite personnelle au détriment de la fraternité. Nous au moins, en France, on l'a inscrite sur nos frontons... Heureusement, parce que sans cela, on peut la chercher longtemps.

    La dernière chevauchée est sans doute la nouvelle qui m'a le plus touché, elle est au cœur de l'actualité et pointe le doigt sur les conditions d'accueil des réfugiés dans tous les pays. L'inhumanité des lois du pays finissent par peser sur les hommes et les femmes confrontés au pire tous les jours. Sans être nommé, le président actuel n'y est pas très apprécié.

    Le livre en entier est excellent, il pose pas mal de questions sur la dignité humaine, sur les œillères qu'on se met pour ne pas voir ce qui nous dérange, sur la violence quotidienne... Les nouvelles sont parfois très noires, dures, sans espoir et d'autres fois plus légères -Le zoo de San Diego-, toujours elles s'inscrivent dans un contexte bien décrit.