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    1 décembre 2012

    1980, Université de Princeton, Anne est une jeune documentaliste à peine trentenaire qui se voit confier une mission où d’autres ont échoué. Récupérer les archives personnelles le Nachlass de Kurt Gödel un brillant mathématicien auprès de sa veuve Adèle à la forte personnalité.

    Malgré ses soixante-dix neuf ans, Adèle est une femme qui n’est pas prête à se laisser marcher sur les pieds. Quand Anne lui rend visite la première fois à la maison de retraite, Adèle accepte de la revoir à condition qu’Anne écoute le récit de sa vie. Et nous voilà lecteur embarqué dans ce livre qui alterne le récit d’Adèle et le présent.

    Fin des années 1920, Vienne, Adèle est une danseuse de cabaret. Têtue, n’ayant pas froid aux yeux, elle rencontre par hasard Kurt Gödel alors étudiant. C'est ainsi que débute une histoire d’amour entre ces deux personnes que tout sépare. Méprisée par la famille de Kurt, Adèle ne connaît rien au monde des sciences mais elle sera toujours là pour Kurt. De la monté du nazisme en Autriche à l'Amérique du maccarthysme, de la bombe atomique à la mort des confrères de renoms de Kurt dont Einstein, on découvre la vie d’Adèle auprès d’un homme savant mais malade. Paranoïaque, égoïste, Adèle le soutiendra même en serrant les dents.

    Ce roman avait tout pour que je pousse un cri du cœur mais j'ai lu en diagonale certains passages traitant de mathématiques un peu trop nombreux à mon goût. Et j'ai trouvé le personnage d’Anne bien pâle et peu intéressant comparé à celui d’Adèle.
    A côté, il y a l’écriture de Yannick Grannec, la verve et les réparties d’Adèle ( un régal), l'humour et son histoire ! Celle d'un amour sans borne malgré la folie de Kurt, un génie dont la folie et sa passion le conduiront à sa perte.

    Malgré quelques bémols, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un premier roman étonnant avec de nombreuses qualités et savoureux sur bien des points !


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    15 octobre 2012

    Princeton, 1980. Un peu malgré elle, beaucoup grâce à son père, Anna est documentaliste à l'IAS (Institut de Recherche Avancée). Le directeur lui confie la tâche de récupérer les documents laissés par le grand mathématicien Kurt Gödel après sa mort. Mais cet héritage, si précieux pour la science, est entre les mains de sa veuve. La revêche Adèle a des comptes à régler avec l'université et compte bien faire attendre les chercheurs le plus longtemps possible. D'autres, avant Anna, ont essayé de l'amadouer, en vain. Pourtant, cette fois-ci, la vieille dame indigne accepte de revoir Anna, à condition qu'elle l'écoute raconter son histoire.

    C'est ainsi que la jeune documentaliste découvre comment une petite danseuse de cabaret viennoise rencontre en 1928 un génie de la théorie des mathématiques, saura l'apprivoiser et ne le quittera plus jusqu'à sa mort 50 ans plus tard, malgré l'hostilité de sa famille, malgré aussi ses manies, son hypocondrie, sa folie, son égoïsme. Elle sera sa femme, sa mère, son infirmière, le sauvera de l'Europe en guerre et surtout le sauvera de lui-même et cela sans jamais espérer une marque de reconnaissance, d'affection ou d'attention en retour. Une vie de sacrifice au service d'un génie, mais au nom de l'amour.

    Pour moi qui sais tout juste compter jusqu'à 10, lire la vie d'un mathématicien logicien était une gageure. Mais j'ai relevé le défi et ce fut un bonheur de chaque instant. Alors bien sûr, je me suis souvent sentie dans la peau d'Adèle face aux explications de son mari. Comme elle, je n'ai rien compris à toutes ses théories et cela ne s'est pas amélioré quand Gödel s'est soudain passionné pour Husserl et la phénoménologie...J'ai alors tellement compris les sentiments d'Adèle, petite danseuse autrichienne sans culture, sans éducation, qui tous les jours vivait aux côtés de cet homme hermétique et froid, dans un monde d'universitaires, un cercle d'amis tous férus de sciences, dont le plus célèbre n'était rien de moins qu'Albert Einstein! Et j'ai surtout compris la force de son amour! Car il fallait une bonne dose d'amour pour supporter la condescendance de certains, le sentiment perpétuel d'infériorité. D'autant que Gödel, tout génie qu'il soit, est totalement inadapté socialement, incapable de s'occuper de lui-même, sujet à des névroses, anorexique, paranoïaque, monstrueusement égoïste. Celle qui a souvent été considérée comme l'autrichienne inculte, la mégère vulgaire, prononce à un moment une phrase très juste. Elle s'indigne que tout le monde se soit toujours interrogé sur le choix du génie pour une telle femme et que personne ne se soit jamais posé de questions sur son choix à elle. C'est qu'il n'était pas facile à aimer ce Kurt! Son amour, son abnégation, ses sacrifices, si peu reconnus, si souvent bafoués, ont pourtant été la force qui permettait au grand homme de travailler sans soucis d'aucune sorte.
    Au final, La déesse des petites victoires est un livre bouleversant et fort qui nous promène de la Vienne des années folles jusqu'à l'austérité de Princeton, en passant par les grands évènements qui ont marqué le siècle : la montée du nazisme, l'Anschluss, la deuxième guerre mondiale, le maccarthysme, l'assassinat de Kennedy. Et toujours, au delà les aléas de l'Histoire, l'amour,le génie, la folie, la vie en sont les fils conducteurs. Alors même si vous êtes réfractaires aux maths et allergiques à la logique, n'hésitez pas à découvrir l'incroyable destin de cette femme qui comme souvent, se cachait derrière le grand homme.


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    10 octobre 2012

    LE premier roman de la rentrée, celui qu'il faut lire et qui fait partie de plusieurs sélections. Et bien, je ne me joindrai pas au concert de louanges lu et entendu un peu partout.
    C'est un livre qui possède des qualités indéniables. Echange à deux voix entre Adèle, vieille femme en fauteuil roulant, veuve du génie mathématicien Kurt Gödel, et Anna, jeune documentaliste de Princeton, chargée de récupérer les précieuses archives du grand homme. La rusée Adèle va s'amuser un peu avec Anna et lui demander de raconter sa vie en échange de la sienne. Anna va se prendre d'amitié pour Adèle et c'est un des meilleurs aspects du livre.


    Comme je ne connaissais pas l'existence de Gödel jusqu'à présent, le mélange fiction-réalité ne m'a pas gênée. Adèle est née et a grandi à Vienne, où elle a rencontré Kurt. Petite danseuse de cabaret, leur alliance était plutôt improbable, elle s'est pourtant faite. Adèle aime la vie de la Vienne d'avant-guerre, bourdonnante, joyeuse, même si les signes avant-coureurs de la catastrophe sont déjà là. Kurt, jeune mathématicien plein d'avenir, la fréquente en cachette de sa famille. Adèle accepte déjà tout venant de lui.
    Je suis toujours fascinée par l'évocation de la Vienne des années 30 et j'ai aimé toute cette partie du roman, bouillonnante et encore remplie d'espoir pour Adèle, malgré le premier internement de Kurt, dont le génie a des contreparties fâcheuses : l'anorexie qui l'accompagnera toute sa vie, la paranoïa et l'égocentrisme absolu. Confronté à l'arrivée des nazis, le couple finira par quitter l'Autriche et s'installer à Princeton où Kurt va devenir l'ami d'Albert Einstein et cotoyer plusieurs grands cerveaux de l'époque.
    Et c'est là que le roman a commencé à me tomber des mains. Trop de longueurs et de digressions, l'histoire perd de son dynamisme. J'entends ici et là que l'aspect mathématique n'est pas gênant. Et bien moi il m'a paru envahissant, jargonnant, sans compter la philosophie, la méthaphysique et autres thèmes qui m'ont perdue en route. Sans compter que je n'ai guère compris le dévouement absolu d'Adèle à cet homme invivable, associal, qui l'a privée sans scrupules de bien des aspects de la vie. L'amour ? Je ne suis pas convaincue.
    Ce n'est guère mieux du côté d'Anna, qui traîne une tristesse chronique, se sent médiocre en tout et ne se décide pas à changer quoique ce soit à sa vie.
    Ce n'est que mon ressenti, c'est le cas typique d'un roman qui n'était pas fait pour moi, mais en enthousiasmera bien d'autres, j'en suis certaine, justement à cause de ce qui m'a rebutée