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    30 mai 2016

    déportation, homosexualité

    J’ai bien failli buter sur la langue, âpre, vive, douloureuse. Mais j’ai finalement décidé de me laisser bercer par elle et de découvrir l’histoire de Klaus.

    Une histoire hantée par la déportation pendant 4 ans à Buchenwald. Des flashes lui reviennent de ces temps obscures, même à la fin de sa vie, dans un autre pays.

    Une vie de combat pour cacher son homosexualité après la guerre, puis pour faire reconnaître la déportation des homosexuels dans les camps, et leur droit à recevoir réparation.

    Une violence toujours présente, parfois armée, parfois au grand jour. Une violence malheureusement éternelle contre des « pédés » haïs pour quelque obscure raison.

    Un roman qui m’a laissé KO-debout. Un coup de coeur.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des deux amours de Klaus : Heinz et Julien. Que de belles pages écrites sur ces amours défendues.

    http://alexmotamots.fr/?p=1915


  • Conseillé par
    5 avril 2016

    Klaus est allemand. Pendant quatre ans, il a vécu à Buchenwald. Survécu plutôt bien sûr, ce n'est que bien plus tard qu'il pourra revivre. Il retrouve Leipzig et le foyer familial, ce frère qui semble le détester et ces parents qui espèrent que Klaus soit enfin sorti de la mauvaise passe dans laquelle il se trouvait avant Buchenwald. Du camp, ils ne veulent rien savoir, de son homosexualité non plus. Très vite, Klaus sent qu'il lui faut partir et c'est en France qu'il pourra enfin refaire sa vie.
    Je diviserais ce roman en deux parties : celle du retour de Klaus et celle du reste de sa vie. La première partie est magnifique. Les phrases vont droit au but et elles nous atteignent. Difficile parfois de transcrire le manque de communication entre les personnages mais Daniel Arsand y parvient très bien. Il décrit ce manque de curiosité pour la vie dans les camps, ou plutôt ce désir de ne pas savoir ce que les proches ont vécu, sans doute pour ne pas connaître la mesure des horreurs dont sont capables les hommes.
    "Tout le monde avait vécu des sales moments, Klaus, sans doute, n'avait pas à s'en attribuer la palme, la plupart n'en faisait pas tout un plat, tous les malheurs étaient respectables, on le lui envoyait en plein visage."
    Parlons-en de la respectabilité. Au retour des camps, les malheurs ne se valaient pas et cette inégalité de traitement a duré pendant des décennies. On ne voulait pas des internés homosexuels lors des événements de commémoration liés au camps. Les juifs, les prisonniers politiques oui, les homosexuels, non. Ils ne furent pas indemnisés. Leurs souffrances furent niées.
    Je ne peux que vous recommander ce roman.


  • Conseillé par
    1 avril 2016

    1944, Klaus Hirschkuh vingt-trois ans rentre à Leipzig. Il vient de passer quatre années à Buchenwald. La raison ? Son homosexualité. Ses parents ne l’attendaient plus et ils découvrent un jeune homme amaigri, un fantôme vivant hanté par ce qu’il a vécu. Pas de questions sur ces quatre années, pas de gestes d’amour envers ce fils. Table rase de ce passé. Pourtant Klaus ne peut pas oublier la violence, la maltraitance, les injures, l’humiliation et les morts. Tout ou presque le ramène là-bas. Mais il doit survivre. Après avoir décroché un travail chez un tailleur, il fait la connaissance de René, un Français qui n’a pas voulu renter à Paris retrouver sa femme. Pas tout de suite. Lui aussi à ses blessures béantes. Mais les deux amis vont partir en France : "La plupart des voies ferrées série allemande présentaient un aspect désastreux. On partait demain. Klaus serait-il assez robuste pour le bonheur ?".
    Est-il possible de renaître dans un nouveau pays ? Et l’on suit Klaus au fil du temps qui passe.
    Se donner le droit à nouveau d’aimer, des amants à son grand amour Julien malgré l’homophobie galopante. Il faudra des années à Klaus pour s’ouvrir à Julien, pour raconter Buchenwald.

    Un texte bouleversant et nécessaire. L’écriture de Daniel Arsand est tout simplement sublime. Un feu d'artifice alliant poésie, sensibilité et avec des phrases qui nous transpercent pour décrire la douleur, l’horreur.
    Un roman pour la liberté, pour le droit d’aimer et pour ne pas oublier.