L'archipel d'une autre vie

Andreï Makine

Seuil

  • Conseillé par
    27 octobre 2022

    Pff, quel beauté, quel panache ! Ce livre qui traînait depuis un moment et dont je retardais l'ouverture, ce livre disais-je, je l'ai prêté à ma fille qui me l'a rendu quelques jours plus tard en me disant qu'elle l'avait dévoré et qu'il était excellent. J'aime Andreï Makine et me reste toujours en tête ce magnifique roman qu'est La femme qui attendait. J'entame donc la lecture de L'archipel d'une autre vie et ainsi que prévu, je ne peux le lâcher tant l'histoire est belle. Un roman d'aventures digne des plus grands du nom. Du souffle, des paysages à le couper, une traque qui n'en finit pas parce que la ruse du fuyard ralentit ses poursuivants. Une période compliquée dans le pays, Staline est encore au pouvoir, finissant mais toujours là. La paranoïa, la peur, les intimidations, la torture sont érigées en méthode de gouvernement à tous les niveaux et Pavel, le moins gradé du groupe sent bien qu'en cas d'échec, c'est lui qui paiera les pots cassés. Le groupe n'est pas soudé, les hommes se jaugent et se haïssent, chacun jouant pour lui. Les rapports entre eux en ces temps tendus sont formidablement rendus par l'auteur. Tout cela dans des décors incroyables et des conditions difficiles.

    Et puis, en marge de l'aventure proprement dite, il y a le cheminement de Pavel, ces questions qui le hantent, de l'instinct guerrier qui poussent les hommes aux pires exactions envers autrui et surtout les femmes. C'est aussi le roman d'un homme qui change, qui ne sera plus jamais le même après cette traque.

    Et enfin, il y a l'écriture d'Andreï Makine, superbe, juste, qui décrit les hommes, leurs relations, leurs angoisses et tourments et les paysages : "Une légère brume voilait l'horizon. L'océan uni au ciel était le seul élément qui nous entourait de toutes parts. Et le soleil, déjà bas, renforçait cette sensation de fusion, recouvrant tout d'un poudroiement doré, ne laissant pas le regard s'accrocher à un détail. Nous étions, je le voyais à présent, au point culminant d'une petite péninsule et la hauteur du lieu créait cet effet de lévitation au-dessus de l'immensité océanique." (p.179)

    Un grand roman, coup de cœur, assurément.


  • Conseillé par
    9 janvier 2017

    Sibérie

    Je n’avais encore jamais lu cet auteur, son style fut donc une découverte. Je ne peux pas dire que j’ai apprécié de rencontrer des termes précis de botanique de la taïga : ces mots n’évoquaient aucune image pour moi. Et c’est bien dommage car on en croise beaucoup dans le récit.

    C’est ce qui m’a sans doute empêché de me prendre de passion pour l’immensité Russe.

    J’ai préféré les trois feux allumés au large de l’île inaccessible parfois.

    a traque dans la forêt révèle le caractère de chaque personnage en ces temps troublés du stalinisme.

    Le personnage principal commence une thèse sur la « légitimité de la violence révolutionnaire ». Mais après sa chasse en forêt, il abandonne son sujet.

    Mais ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est la dernière partie, une fois la traque terminée.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des trois feux allumés sur la grève, comme des points de repère dans la tempête, de l’autre côté du bras de mer.

    http://alexmotamots.fr/?p=2443