La Place

Annie Ernaux

Folio

  • Conseillé par
    25 septembre 2023

    famille, père

    Lorsque j’ai lu ce livre la première fois, j’étais persuadée qu’il s’agissait d’abord d’un roman, et ensuite d’une place comme les places de villes et villages. Evidemment, je ne l’ai jamais trouvé dans les pages du livre.

    Avec mes yeux d’adulte ayant perdu son père, j’ai ressenti lors de cette seconde lecture tout l’amour de l’autrice pour son propre père décédé, sans remord ni rancune.

    J’ai aimé qu’elle l’évoque à travers des petits riens, des souvenirs parsemés : une attitude, une phrase dite, une habitude.

    L’aspect changement de classe social m’a moins parlé, même si il est un des leitmotiv du livre.

    J’ai aimé l’absence de style expliqué : son père aurait ressenti toute recherche de style comme une manière de le tenir à distance.

    A travers sa mère, j’ai revu l’actrice Sandrine Bonnaire qui tenait le rôle dans L’événement tiré d’un autre roman de l’autrice.

    Une lecture émouvante par ce qu’elle a fait résonner moi.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de son père travaillant à son potager, sa fierté et son travail de ses mains, si important.


  • Conseillé par
    6 mars 2010

    Un livre tout en pudeur où Annie Ernaux parle de son père. Après son décès, elle a voulu relater sa vie sans chercher à provoquer chez le lecteur de la pitié ou un autre sentiment. Juste raconter les faits, les événements et dire que oui, elle a eu honte de son père.
    Son père travaillait aux champs puis il est devenu ouvrier. Une rencontre et le mariage mais toujours faire attention à l’argent, économiser « au cas où ». Ses parents ont pu ouvrir un café-épicerie comme il en florissait à l’époque. Ce n’est pas pour autant qu’ils ont changé leurs habitudes. Toujours la peur au ventre de perdre le commerce et de se retrouver sur la paille. A l’âge de l’adolescence, Annie Ernaux a commencé à fréquenter des amies issues de milieux sociaux plus aisés. Poussée par ses parents à réussir dans ses études, le sentiment de honte a germé vis-à-vis de ce père qui n’avait pas d’instruction. C’était un français modeste qui faisait partie de cette classe des « braves gens ». On ne se mélangeait pas ou très peu, chacun à sa place …

    Avec les années, le respect remplacera la honte. Comme dans « la femme gelée », j’ai retrouvé ce style épuré sans fioritures inutiles et où les sentiments apparaissent en toute simplicité.

    Un livre intemporel où elle rend hommage à son père en toute franchise. Accepter ses origines et ses parents tels qu’ils sont permet de se construire.