Momus ou le Prince, Fable politique
EAN13
9782251446295
ISBN
978-2-251-44629-5
Éditeur
Les Belles Lettres
Date de publication
Nombre de pages
306
Dimensions
16,5 x 10 x 2 cm
Poids
219 g
Langue
français
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Momus ou le Prince

Fable politique

Les Belles Lettres

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Traduite pour la première fois en français par Claude Laurens (Les Belles Lettres, 1993) avec une courte préface de Pierre Laurens et par ce geste arrachée à la philologie pour être rendue à la littérature, la fable politique qu'on va lire dans cette nouvelle issue, remaniée pour adhérer à l'édition critique la plus récente du texte latin, est à ranger dans la bibliothèque aux côtés des chefs-d'œuvre de Swift, de Voltaire et de George Orwell.

Momus, personnage de la mythologie, mis en scène par Lucien comme le dieu de la critique, devient, entre les mains d'Alberti, qui fait de lui par deux fois une victime injustement persécutée, le premier immoraliste de la littérature moderne. L'exil parmi les hommes aiguise son esprit caustique, le malheur lui enseigne à masquer son caractère, au point que le dieu du franc-parler devient, au rebours de sa nature, le virtuose, mieux: le théoricien de la simulation et de la dissimulation, tel un ingénieux Ulysse égaré dans les cours. Mais surtout, à travers les mésaventures qui le ballottent du ciel à la terre, de la société humaine au parlement de l'univers, il est à chaque instant et partout, comme plus tard le Neveu de Rameau, héros de Diderot, le génie de la provocation, le grain de levain qui démasque les faiblesses et les hypocrisies, désacralise les puissances établies et oblige à repenser la morale et la politique conventionnelles.

Mêlant systématiquement le rire au sérieux (pour dire ce mélange, revendiqué par l'auteur, les Grecs avaient créé le mot spoudogéloion), irrigués continuellement par la veine imaginative, portés par une phrase d'une incroyable agilité, les épisodes se succèdent dans un rythme effréné, alternant paradoxes urticants (l'éloge désopilant de la clochardise), pages d'un comique bouffon et osé autant que profond (la conception de Renommée, née du viol de Louange par le dieu de la critique transformé en lierre) et inventions poétiques (les vœux des hommes qui s'accumulant finissent par encombrer le séjour divin, une fantaisie qui séduira l'Arioste).

Architecte, peintre (et auteur des deux premiers traités modernes d'architecture et de peinture), ingénieur, humaniste, moraliste, écrivain, Alberti (1404-1472) fut, avant Léonard de Vinci, le premier exemple de l'homme « universel », génial et inclassable.
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