Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident
EAN13
9782350881423
ISBN
978-2-35088-142-3
Éditeur
Encre marine
Date de publication
Collection
Encre Marine
Nombre de pages
250
Dimensions
22,5 x 16 x 2 cm
Poids
400 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident

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Ce qui a fait naître l’émerveillement des premiers penseurs grecs, c’est qu’il y a quelque chose plutôt que rien, et c’est là ce qui a donné le coup d’envoi à cette pensée de l’être qui s’est développée de Parménide à Aristote et qui constitue le fondement de la philosophie occidentale. On trouve cependant, déjà dans la pensée grecque, une dénégation de la possibilité d’un discours sur l’être, d’abord chez Gorgias, contemporain de Socrate, puis chez le fondateur de l’école sceptique, Pyrrhon. Et à l’époque même où Parménide écrivait son poème, une pensée de la vacuité et du néant commençait à se développer en Orient dans le cadre du bouddhisme, laquelle met profondément en question la notion même d’ontologie. Or c’est précisément cette pensée du rien qui resurgit en Occident à la fin de l’âge classique, avec ce premier philosophe véritablement moderne qu’est Kant, dans son Essai sur les grandeurs négatives et cette « Table du Rien » qui, dans La Critique de la raison pure, clôt l’Analytique transcendantale. Et c’est le concept de négativité qui va former chez Hegel la matrice même de la pensée dialectique, alors que celui du néant constituera le coeur de la critique du nihilisme qu’entreprendra Nietzsche, avant de redevenir, avec le Heidegger de Qu’est-ce que la métaphysique ?, avec le Sartre de L’Être et le néant, et avec le dernier Merleau-Ponty, auteur de ce livre inachevé qu’est Le Visible et l’Invisible, un thème fondamental de la pensée de l’apparaître.
Une telle pensée du néant et de la négation traversant la frontière qui sépare l’Orient de l'Occident, il s’agira donc, en prenant comme référence majeure la pensée heideggérienne, d’en interroger les diverses figures, d’abord chez Gorgias et Pyrrhon, puis chez Nagarjuna, le plus grand penseur du bouddhisme indien (ii-iiie siècle) et chez Nishida (1870-1945), représentant fameux de l’école de Kyoto et du bouddhisme zen, avant d’en venir à l’idéalisme allemand avec Kant et Hegel, à la question du nihilisme européen avec Schopenhauer, Nietzsche et Heidegger, puis à la phénoménologie avec Husserl, Sartre, Merleau-Ponty et Maldiney.
Grande figure de la phénoménologie, Françoise Dastur s'élève contre la tentation courante de réduire la philosophie à sa seule source grecque - haro sur « l'européocentrisme » - et montre que cette question du non-être est centrale, directrice, dans la pensée de l'Asie.
Ces belles pages, stimulantes, lumineuses, savantes sont des incitations à aller plus avant, elles offrent des ébauches à approfondir.
François Dastur réalise la gageure de rendre attractive la plus ancienne question de la pensée qui, sous le nom de philosophie, a vu le jour dans l'ancien monde hellène, celle de l'être et de son contraire, le néant. Longtemps enfermée par les spécialistes dans les rets étroits de l'Occident, elle franchit ici les frontières qui la séparent de son jumeau fascinant et maudit, le pluriel Orient.
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