Quand Le Futurisme Est Femme Barbara Des Couleurs

FRANCESCA BREZZI

QUAND LE FUTURISME EST FEMME

BARBARA DES COULEURS

Comment expliquer l’adhésion d’un si grand nombre de femmes à un courant de la peinture comme le futurisme, aussi misogyne, agressif, quelquefois vulgaire à l’égard de la féminité ? Si la présence de femmes artistes, bien connues à leur époque, appréciées et récompensées par des prix, a été importante – quantitativement (et quelquefois qualitativement) – de nos jours ce questionnement s’impose à la conscience des femmes du XXIème siècle, qui ont traversé le mouvement et la réflexion féministes, les women’s studies et la pensée de la différence. Cet essai entend, en premier lieu, définir la toile de fond théorique du futurisme, autrement dit l’élaboration conceptuelle sur le “féminin”, qui s’est exprimée dans ces années-là et au sein de ce mouvement, d’où il ressort des chiffres contradictoires et ambivalents. D’un côté, l’adhésion au futurisme a représenté pour bien des artistes un défi et un acte convaincu de destruction et de démantèlement de stéréotypes féminins bien consolidés et, de l’autre, – c’est là l’hypothèse avancée par l’auteur – ces gestes éversifs et anti-passéistes ne furent pas élaborés par des femmes, mais reçus passivement, ce qui déterminera des ambiguïtés, des positions souvent conciliatoires et aplaties devant l’idéologie machiste. Dans la deuxième partie l’auteur aborde une figure particulière de femme et d’artiste, Barbara, née comme futuriste elle va trouver par la suite d’autres points d’abordage très différents comme le mouvement pacifiste et le féminisme, et notamment l’affinité empathique avec les textes de Luce Irigaray. L’auteur analyse le caractère prismatique de l’existence de Barbara, où s’entremêlent l’art et la vie, un binôme qui dans le futurisme apparaissait sous une forme de provocation alors que, en revanche, il transparaît des mots et des œuvres de Barbara ce chiffre de son identité de femme, conquis seulement après avoir parcouru un labyrinthe, le labyrinthe de Barbara.

Francesca Brezzi est professeur de Philosophie Morale à l’université Roma Tre, elle a été directeur du Département de Philosophie et déléguée du Recteur pour l’Égalité des Chances-Études. Parmi ses dernières publications: Antigone e la philia, FrancoAngeli, Milan 2004, Introduzione a Ricoeur, Laterza, Bari 2006, Il Filo(sofare) di Arianna, sous sa direction avec A. Ales Bello, Mimesis, Milan 2002, Martha Nussbaum e la fragilità dell’etica, in Quodlibet, Macerata 2006, Filosofia dell’ospitalità. Secondo Levinas, in “Reset”, septembre octobre 2006, n. 97, Spostando mattoni a mani nude, sous sa direction et celle de Giovanna Providenti, FrancoAngeli, Rome 2003, Diotima presente al Simposio. L’etica problematica dei nostri tempi, in Etiche, (sous la direction de) B. Mapelli, Guerini e Associati, avril 2007.