Il n'y a pas assez de feuilles
EAN13
9782356541031
ISBN
978-2-35654-103-1
Éditeur
Ypsilon
Date de publication
Collection
FRAGILE
Nombre de pages
248
Dimensions
21,1 x 12,6 x 1,5 cm
Poids
318 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
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Il n'y a pas assez de feuilles

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Traduit par

Ypsilon

Fragile

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« J’aimerais pouvoir tendrement faire sortir du côté sombre de l’histoire des voix qui sont anonymes, minimisées… inarticulées. » Ainsi Susan Howe définit le projet de ce livre à la fin de son introduction dont le titre – « Il n’y a pas assez de feuilles pour couronner pour couvrir pour couronner pour couvrir » – devient celui de notre édition française (et il est extrait d’un poème de l’américain Wallace Stevens intitulé « United Dames of America »). Un titre « poétique » pour une introduction « historique » qui nous plonge tout de suite dans l’univers si particulier de Susan Howe, l’espace de la page devient une scène où vont être évoqués de larges pans d’histoire, personnelle et universelle, nationale et internationale, récente et passée, et ses déchirures. Son autobiographie – « Je suis née à Boston, Massachusetts, le 10 juin 1937, d’une mère irlandaise et d’un père américain. » – côtoie une certaine historiographie : « En 1937, la dictature nazie était bien établie en Allemagne. […] L’axe Berlin-Rome avait un an. La guerre civile espagnole aussi. Le 25 avril, les pilotes de la Luftwaffeaux ordres de Franco bombardaient le village de Guernica. […] De 1939 à 1946 dans les photographies de presse, jour après jour je voyais les signes de la culture exploser pour se faire meurtriers. » La prose percée par des vers de l’introduction annonce les trois parties qui composent ce volume publié à New York en 1990. Trois ensembles de poèmes dont la réunion montre comment « la poésie apporte similitude et représentation à des configurations qui attendent depuis toujours d’être dites. » Susan Howe mêle ici l’autobiographie, l’essai historique et l’écriture poétique, en un tissu organique où chaque mode textuel vient fertiliser et déstabiliser l’autre. Au long de ces poèmes, on ne cesse de s’enfuir à travers des forêts : qui sont celles de l’Europe, celles de la Nouvelle-Angleterre, et celles des mots. Le travail de fragmentation et de et reconstruction dans et par le langage – en dialoguant avec d’autres textes, époques, personnes et personnages – propre à Susan Howe sert à faire émerger de l’histoire, individuelle et collective, ces « voix anonymes, minimisées… inarticulées » qui la traversent. On parvient à les entendre, inscrites dans les interstices d’une syntaxe comme ruinée, à les voir ensevelies sous les décombres de l’histoire, matérielle et littéraire, elles peuvent alors sortir (échos ou fantômes) si le lecteur se laisse prendre à ce jeu de capture et d’évasion que la poésie expérimentale de Susan Howe lui offre.
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