L'Atelier du roman

Survolant plus de dix mille ans d'histoire de l'iconographie, on pourrait dire qu'en passant des pigments naturels qui ornaient les grottes et salissaient les doigts à la haute définition si hygiénique de l'image numérique, on est passé de la consommation des croyances à la croyance en la consommation des images. Béatrice Commengé. Il y a les films du triomphe de l'image, où s'exprime la puissance du metteur en scène à dissiper les illusions. Mais il y a aussi ce moment où l'entreprise de saisir le monde avec les images est brusquement frappée d'inanité. Comme si, face à une émotion trop complexe, face à l'horreur, les images étaient incapables de rien montrer. Philippe Le Guay. Avec cette boulimie d'exister à travers une multitude chaotique d'événements qu'on vit par procuration, on est dans une forme d'anorexie de vie et d'expérience. Caterina Gozzi. Lorsque je réfléchis à ce que la littérature et l'art représentent pour moi, je me rappelle toujours les mots de Nietzsche qui, dans l'un de ses nombreux moments d'extrême lucidité, disait : «Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité.» Florina Ilis. La mémoire humaine du beau n'enregistre rien : elle est une création ; elle invente ; elle compose et recompose. Chaque spectateur de Masurca Fogo de Pina Bausch porte en lui un Masurca Fogo personnel, intime, recomposé. Bruno Maillé. Auteur mal considéré, romancier suspect de glisser vers la féerie, Dhôtel pourrait bien tenir sa déroutante étrangeté de ce qu'il découvre sans pudeur une face du roman qu'aucun romancier ne peut tout à fait ignorer, mais qu'il tient ordinairement voilée. Yves Lepesqueur. Ce qui caractérise les nouvelles de Tagore, c'est, outre la fraîcheur de sentiment et la justesse d'observation, une grâce miraculeuse, quelque chose comme une innocence seconde de l'écriture directement issue d'un coeur tout autant habité par le malheur de vivre que traversé par le souffle mystérieux du cosmos. Bee Formentelli. La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq et Time to turn de François Taillandier sont deux ouvrages dont le coeur est la conversion. Florentin Piffard.