La deuxièmpe vie d'Aurélien Moreau

Rentrer du travail sans mêle se souvenir du trajet. Monter revérifier qu'on a bien fermé la porte à clé. Regarder l'heure, l'après-midi est déjà là, où est donc passé la matin? Et le week end dernier, on a fait quoi déjà, rien? Instans multiples où nous n'étions pas là. Où nous cachions-nous alors, derrière combien de murailles de combien d'écrans, est-ce du temps définitivement perdu, celui qui n'a pas été vécu?
Imaginons donc. Chez Aurélien, ces absences s’étendent à toute sa vie. Il n'y est jamais, ne se souvient de rien, sauve quelques faits sur des carnets. Pourtant du dehors, Aurélien a l'air normal. Même trop normal pour être normal, commère-t-on parfois. Normopathe, finalement, rien ne dépasse et des mots blancs.
A moins qu'il n'y ait possibilité d'une deuxième vie, une chance cette fois d'y arriver. A naitre dans son corps, sentir dans sa peau, à jouir, à goûter. A trouver une langue à soi pour pouvoir raconter. Il faudra quitter son existence ancienne, renoncer au calme film noir et blanc et muet. Risquer tout perdre, habitudes et tranquillité, pour ne pas expirer avant l'heure.
Quitte, ou double.