Géopolitique de l'aménagement du territoire
EAN13
9782200351045
ISBN
978-2-200-35104-5
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
ECO.SCPO.GEO
Nombre de pages
328
Dimensions
21 x 15 cm
Poids
534 g
Langue
français
Code dewey
307.12
Fiches UNIMARC
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Géopolitique de l'aménagement du territoire

De

Armand Colin

Eco.Scpo.Geo

Indisponible
INTRODUCTION?>La crise du modèle français?>Guéret, dans la Creuse, mars 2005 : une manifestation pour la défense des services publics en zone rurale rassemble plusieurs milliers de personnes, dont des centaines d'élus venus de tout le pays, ceints de leurs écharpes tricolores. Les principaux leaders du « Non de gauche » au projet de constitution européenne sont présents. Ils sont venus dénoncer une Europe libérale, responsable, selon eux, des délocalisations industrielles et des fermetures de maternités, d'hôpitaux, de bureaux de poste dans les zones rurales et les petites villes. Quelques mois plus tard, en septembre 2005, l'annonce par Hewlett-Packard de la fermeture de son usine de Grenoble, pourtant moderne et rentable, démontre une fois de plus, après celle des usines Moulinex, LU et Daewoo, survenues au cours des années précédentes, l'impuissance de l'État à peser sur les stratégies de délocalisation des entreprises. Fin octobre et pendant trois semaines, une partie des banlieues françaises s'enflamme sous l'effet d'une vague de violences sans précédent par son étendue, son intensité et sa durée. Près de 300 communes sont touchées dans 18 des 22 régions de métropole, dont des villes moyennes réputées calmes comme Tours, Laval, Pau, Villeneuve-sur-Lot ou Brive-la-Gaillarde. Dix mille voitures sont incendiées, plus de 250 bâtiments scolaires sont dégradés, certains totalement détruits, ainsi que des gymnases, des crèches, des bureaux de poste, un théâtre, un dépôt de bus, des mairies et bien sûr des postes de police, sans compter des commerces pillés et quelques entrepôts et entreprises réduits en cendres1.Certes l'embrasement des « cités » ne se réduit pas à la question de la précarité et du mal-être urbain. On peut l'analyser comme la conséquence, non seulement de la fracture sociale, mais d'une véritable « fracture nationale » [GIBLIN, 2006]. Mais comment ne pas y voir aussi l'échec de trente ans de politique de la ville, l'incapacité des dispositifs successifs mis en place2à répondre aux phénomènes de ségrégation, d'exclusion et de précarisation des couches les plus populaires et en particulier des populations issues de l'immigration ? Malgré l'inflation des moyens et celle du nombre de quartiers concernés3.Crise du modèle français d'intégration et du modèle social français, rattrapé par la réalité, comme l'analyse la presse internationale4? Sans doute. Mais aussi crise de ce modèle d'aménagement du territoire, profondément original et qui, depuis plus de quarante ans, a joué un rôle si important dans la gestion par la société française de ses contradictions, entre capitale et province, régions sinistrées et régions dynamiques, entre ville et campagne, centre et périphérie, entre État central et niveau local.Comment enfin ne pas faire le lien entre ces événements et la « crise du politique », comme système d'action et système de représentation, dont témoignent, entre autres, le doublement du taux d'abstention entre 1974 et 2002 et l'importance du vote protestataire (un tiers des suffrages exprimés au premier tour des présidentielles de 2002) ? Car le désenchantement des Français vis-à-vis de la politique s'est nourri, indéniablement, de ces crises locales et plus largement de l'impuissance des responsables politiques nationaux à résoudre ces deux problèmes majeurs que sont le chômage de masse et l'insécurité.Du référendum européen de 2005 aux présidentielles de 2007 : la question du territoire et la crise du politique?>Deux ans plus tard, le paysage semble avoir changé du tout au tout. Après une campagne électorale qui a passionné l'opinion, la participation a atteint un niveau record (84,6 % au premier tour, 84 % au second, un taux inédit depuis vingt-cinq ans), alors même que l'on avait constaté un mouvement impressionnant de nouvelles inscriptions (1,8 million de plus en un an). Le vote protestataire et antisystème a nettement reculé, qu'il soit d'extrême droite, d'extrême gauche ou ruraliste5, alors qu'il avait fait le résultat du référendum sur le projet de Constitution européenne en mai 2005. Cette fois les trois candidats des partis de gouvernement, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou, ont regroupé 75 % des exprimés, contre 43 % en 2002, soit 26,6 millions de voix contre seulement 12,2 !
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