Mais qui donc dirige la police ?, Sociologie des commissaires
EAN13
9782200269807
ISBN
978-2-200-26980-7
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Nathan Université
Nombre de pages
320
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
448 g
Langue
français
Code dewey
363.209
Fiches UNIMARC
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Mais qui donc dirige la police ?

Sociologie des commissaires

De

Armand Colin

Nathan Université

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Introduction?>Les élites de la police française sont aujourd'hui confrontées à une crise endémique liée aux difficultés que rencontre l'État national à résoudre les problèmes d'insécurité publique au quotidien. Les commissaires de police apparaissent comme les premières victimes de cette crise, car ils sont prioritairement tenus pour comptables des résultats de la gestion de la sécurité publique. Cette crise d'efficacité reflète, en réalité, une crise d'identité professionnelle beaucoup plus profonde que cet ouvrage propose d'analyser.Le diagnostic est surprenant parce que le groupe professionnel des commissaires jouit dans la population d'une image plutôt flatteuse, incarnée dans le mythe encore puissant du gendarme et du voleur, et dans les figures populaires des sympathiques commissaires Maigret, Navarro ou Julie Lescaut, diffusées par la littérature policière ou les séries télévisées. Or, si la petite minorité des commissaires appartenant à la police judiciaire ou aux services de renseignement s'adapte sans trop de difficultés à la gestion de nouvelles menaces et de nouveaux risques, le plus gros des effectifs de nos deux mille commissaires de police, en charge de la sécurité publique, se voient de plus en plus ouvertement remis en cause en raison de résultats jugés médiocres qu'objectivent des statistiques désormais commentées dans les médias. Comment comprendre ce décalage entre les représentations positives familières de ces hauts fonctionnaires de l'État et les critiques internes et externes dont ils sont de plus en plus souvent l'objet?Pour répondre à cette question et en documenter toutes les facettes, il convient de comprendre de façon empirique comment s'articulent pouvoir et légitimité des élites policières au travail, et pour ce qui nous concerne ici, des commissaires1. L'objectif de cet ouvrage est d'apporter des éléments de réponse inédits à une question simple : commissaire de police, dis-moi quelle est la nature de ton travail et sur quoi repose ton pouvoir, je te dirai quelle est ton efficacité réelle ou symbolique, à défaut de savoir prédire si tu peux disparaître.Ce livre cherche donc à explorer les particularismes d'une corporation confrontée à de profondes transformations de son environnement et dont l'identité professionnelle, comme celle d'autres groupes (Dubar, 2000), est désormais en « crise ». À travers un portrait renouvelé de la petite élite des commissaires de police, élite en réalité dominée au sein de l'appareil d'État, et avec les outils de la sociologie des professions, l'enjeu est d'analyser les ressorts de la crise d'un corps de la fonction publique qui fait du thème de sa «modernisation», l'indispensable moteur de sa survie.De fait, les pressions de la demande sociale en matière de réassurance, l'extrême politisation de l'enjeu de la sûreté dans l'espace public, et les conflits entre sous-directions au sein de la bureaucratie policière, affectent le commissaire dans son identité professionnelle et la légitimité de son pouvoir. Ce qui se produit à un triple niveau : celui de la position que le commissaire occupe dans les hiérarchies des divers services de la police nationale, celui du corporatisme de son syndicat, et celui des ressources professionnelles dont il peut se prévaloir. Ces trois dimensions, longtemps enchâssées dans un ordonnancement immuable, fonctionnent désormais de manière de plus en plus désarticulée.Comprendre la crise d'identité professionnelle des commissaires exige de saisir ensemble ces trois composantes du corps et de replacer la thématique de la modernisation dans ce contexte. Il est vrai que les commissaires se revendiquent aujourd'hui d'un label modernisé de « techniciens supérieurs de la sécurité » compatible avec une nomenclature générale des catégories socioprofessionnelles de la fonction publique, pour s'émanciper de la référence statutaire trop pesante du «corps de conception et de direction» issue de la réforme d'envergure de 1995. Il est également exact qu'ils disposent historiquement d'atouts statutaires protecteurs considérables qui masquent encore leur fragilité. Pour autant, le discours de la modernisation de mise depuis plus de vingt ans, a atteint ses limites et ne fait plus grande illusion aujourd'hui. La «modernisation» de l'appareil ne peut plus se résumer à une sempiternelle injection de moyens supplémentaires. De même, le corporatisme cohésif et les mythologies véhiculées sur les exploits passés de ses dirigeants, ne suffisent plus à rendre le corps totalement légitime.
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