Lectures De Bonnefoy

Du mouvement et de l'immobilité de Douve est l'ouvrage inaugural d'une Oeuvre. Il constitue donc la matrice même de cette oeuvre. La tentation est alors grande de lire le livre en fonction de ce qui l'a suivi, des développements qu'il a permis, et nombre de critiques n'ont pas hésité devant des lectures a posteriori. D'autant moins hésité que, depuis les années soixante-dix, Yves Bonnefoy n'a cessé d'orienter le sens qu'il fallait prêter à l'oeuvre tant par plusieurs entretiens que par la multiplication de textes anciens, plus ou moins inédits qui ont précédé la publication de Douve. Malgré tous ces commentaires, ces publications, la question demeure de savoir qui est Douve aussi bien que ce que c'est que Douve, puisque, comme le dit Bonnefoy lui-même : « Et je me vis ainsi devant ce nom, Douve, qui ne dénotait plus, dans le réseau des autres mots, qu'une case vide, puisque son sens antérieur, celui qui se cherchait dans l'Agent secret, s'était dissipé avec ce récit, non sans annuler cependant, au moins comme premier contenu, les acceptions qu'en donne le dictionnaire. »
Douve ne serait donc que tonneau (ensemble de planches courbes plus ou moins liées) vide d'acceptions lexicales mais non de sens ? Quel serait dès lors le « premier contenu » ? Le livre lui-même serait ce contenu ? Ou autre ?
« Douve », énigme inachevable toujours recommencée.