Nathalie -.

21,00
Conseillé par (Libraire)
29 novembre 2021

Le visage de pierre

On est en 1960. Siméon, journaliste noir américain fuit les États-Unis et le racisme qui y règne pour Paris. S'il y restait, il est sûr qu'il tuerait. Mais voilà qu'à Paris, alors qu'il savoure la liberté de circuler, de rencontrer, de partager sans ségrégation, il se trouve confronté à la façon dont sont traités les algériens en France.
Au cours d'une altercation, embarqué par la police avec les algériens, il saisit tout de suite la différence de traitement. Or, il ne veut pas devenir "le blanc" de l'histoire.
En même temps, il rencontre Maria dont il tombe amoureux. Elle a connu les camps de travail, en Russie, alors qu'elle était encore enfant, y a vu mourir ses parents. Elle veut oublier l'horreur et vivre !
Siméon sera-t-il capable de vivre si légèrement en oubliant là d'où il vient, en oubliant les siens ?
Une écriture vive, active, des personnages riches des vécus terribles, venus d'ailleurs. Des situations qui s'enchaînent et les points de vue différents sur ce qui se passe sont finement amenés, explorés, exposés.
Une profonde réflexion sur la violence émane de tout l'ouvrage. Il ne s'agit pas de faire preuve de pacifisme béat mais bien de ne pas sombrer dans violence comme dans la folie par goût du sang.
Ahmed qui fait découvrir à Siméon la situation des algériens en France et Siméon lui-même portent cette réflexion.

Extrait :

" Le monde se réduisait à une pyramide où les peuples les plus riches et les plus puissants se trouvaient au sommet – les européens du Nord, les anglais, et, plus récemment, les Américains. Ils imposaient leur échelle dégressive au reste du monde. Ici, l'homme noir était inférieur ; là c'était l'Arabe, là le Juif, là l'Asiatique– selon l'endroit où vous habitiez. Et les hommes qui devenaient riches et puissants à cause d'un accident de l'Histoire étaient ceux qui en décidaient. Durant une époque particulière. "

La Martinière

22,00
Conseillé par (Libraire)
20 novembre 2021

Le serment

Un homme est assassiné dans une maison un soir de beuverie. Trois protagonistes de l'enquête sont liés de ces circonstances tragiques, et c'est en lien avec ce qu'ils ont vécu avant d'entrer au collège.
Des allers-retours entre l'enquête et l'enfance, comme dire que tout ce qu'on y vit a forcément conséquences sur les adultes devenus.
Et puis la violence.
D'abord celle non explicite des adultes en errance dans leur propre vie envers leurs enfants qui suinte à chaque évocation d'eux. Et le silence, l'impuissance de ceux qui sentent, devinent et ne peuvent ou ne savent intervenir.
Et celle des enfants envers leurs congénères qui se propage, conséquence directe de celle subie chez eux dans une fascination croissante à ne plus la subir et à la générer.
Peu à peu, dans un rythme pertinent, l'auteur distille l'essence même de la violence pour mieux nous y confronter, pour mieux nous interpeller.
Effroi.

Éditions de l'Observatoire

18,00
Conseillé par (Libraire)
15 novembre 2021

Simone

Voici un premier roman comme plongée pleine dans le siécle précédent.
En 1920, à Paris, Simone rencontre Breton. André est bien jeune et désargenté puisque ses parents lui ont coupé les vivre d'avoir abandonné les études de médecine.
Simone a vingt-trois ans. Cultivée et pertinente, elle rêve de liberté, alors qu'elle se trouve coincée dans les convenances de la bourgeoisie de l'époque. Breton n'est pas un bon parti. Qu'importe, il a le goût de la liberté aux yeux de Simone, il lui plaît.
On perçoit les chemins amoureux d'un autre temps, les gestes à peine effleurés des débuts de la passion, la nécessité impérieuse de la jeunesse d'échapper aux conventions, à la dite bienséance, aux convenances.
L'écriture de Léa Chauvel-Lévy, fine, donne à percevoir cette jeunesse Dada, son cheminement à devenir dans l'expérimentation autre à écrire, à créer, après l'horreur de la grande guerre qui l'a laissée traumatisée, dans l'espoir de réinventer le monde.

20,00
Conseillé par (Libraire)
9 novembre 2021

Les occasions manquées

Une auteure allemande que je ne connaissais pas et un titre qui met en haleine ont piqué ma curiosité.
Deux personnages féminins dans la quarantaine et des pére, beaux-père au coeur du sujet, et qui les chagrinent méchamment.
Kurt, le père de Martha, après avoir brillé par son absence s'impose à elle d'un cancer incurable qui le touche. Il veut qu'elle l'emmène en Suisse pour l'accompagner dans sa démarche de suicide assisté.
Betty, auteure d'un seul livre, en manque d'écrire, sous anxiolythique et meilleure amie depuis des lustres de Martha, se trouve embarquée dans l'expédition, alors qu'elle-même souffre du manque d'un beau-père décédé depuis plusieurs années, sur la tombe duquel elle ne parvient pas à aller.
Ce voyage ne se passera pas du tout comme prévu, se compliquant des événements au fil du trajet. Ces femmes peuvent compter sur leurs pères pour les surprendre, pour le meilleur ou pour le pire.
Le comique ne cesse de se mêler au tragique. L'histoire, farfelue, déjantée, oscillant entre road movie et polar, ne cesse de nous confronter aux déroutes propres à notre époque dans un humour mordant et délicieux. C'est un livre régénérant !

Extrait plein d'humour, pour vous faire une idée. C'est le moment du départ vers la Suisse, pour Martha, Betty et Kurt.

"C'est bien que vous veniez aussi, m'a dit Kurt. Etre conduit par deux si jolies femmes, ce n'est pas donné à tout le monde, pas vrai ?"
Tous les trois, nous avons hoché la tête, et je me suis demandé avec effroi si nous allions rester ainsi à hocher la tête indéfiniment. Des hochements de tête pour pallier le manque de mots. Qu'est-ce que j'ai pu hocher la tête dans ma vie ! Une vraie réincarnation de teckel dodelinant du chef sur la plage arrière d'une voiture. Je faisais partie de cette catégorie de gens qui hochent la tête, assis sur une chaise de cuisine, quand on leur annonce que c'est fini. Et les huit heures que j'allais passer au volant ne seraient pas différentes. Je fixerais la route, je hocherais la tête et je serrerais les dents. J'aurais dû emporter ma gouttière dentaire.

Conseillé par (Libraire)
3 novembre 2021

Le silence des dieux

Dans le désert, le village de la Source des Chèvres, se retrouve isolé, de l'accès bloqué par les soldats. Nul ne sait pourquoi. On cherche un responsable, un coupable à condamner pour échapper à ce qui finit par être pensé malédiction.
Le maître ne vient plus assurer l'école puisqu'il vit à l'extérieur du village, plus aucune denrée n'entre, et le village est coupé du reste du monde.
Luttes de pouvoir entre les hommes, et l'obscurantisme qui tente d'étendre sa voie.
Seul le fou du village semble élever une voix juste et audible mais qui veut l'entendre ?
Les femmes tentent peu à peu de s'organiser pour assurer la subsitance au quotidien, pour que la violence ne l'emporte pas sur la raison, pour apaiser les rancoeurs.
Elles vont même plus loin, fuient ces hommes enlisés dans leurs folies et créent un nouvel espace où vivre en liberté.
Cet ouvrage a l'effet d'un charme sur le lecteur. Les mots coulent de source, justes, simples, salvateurs. Il donne à voir belle perspective et profondeur face aux maux humains.