Brest en Bulle

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5 novembre 2013

Chronique

Depuis quelques années, une nouvelle vague d’auteurs américains se profile. Se démarquant du cliché des comics estampillés super-héros, leurs ouvrages revendiquent une certaine forme de critique du fameux « rêve américain ».
Sean Murphy est de cette trempe. Connu outre-atlantique, notamment pour Crush et Joe, L’aventure intérieure, il signe aujourd’hui "Punk Rock Jesus", profonde satire des méfaits de la religion et de la télé-réalité.
En 2019, grâce aux progrès effectués en génétique, la maison de production Ophis décide de lancer le projet J2.

Il a pour but de créer un clone de Jésus Christ à partir d’ADN issu du Saint Suaire et de faire de la vie du « Messie » une émission de télé-réalité.
Nous vivons ainsi la grossesse de Gwen, élevée au rang de « Vierge Marie », la naissance du clone nommé Chris, son enfance, puis son adolescence où tout chavire…
Sean Murphy nous plonge alors dans un univers punk où Chris va remettre en question tout ce pour quoi il a été créé.

Après un énorme travail d’introspection et 10 années de labeur, Sean Murphy nous livre ici une œuvre magistrale. L’aspect psychologique de chaque personnage est méticuleusement travaillé. On notera particulièrement le soin apporté au personnage de Thomas McKael, ex-agent de l’IRA reconverti en garde du corps de choc.
Côté dessin, le noir et blanc colle parfaitement à ce récit violent et engagé.
Au final, un bon coup de pied dans les "valseuses" d’une Amérique puritaine et intégriste.

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20 octobre 2013

Chronique

Publié chez Dargaud, La Grande Terre, premier tome du dyptique Paco Les Mains Rouges, scénarisé par Fabien Vehlmann et dessiné par Eric Sagot, s’ouvre sur une forêt enneigée.

Un homme y git dans une mare de sang. Un autre, dont le visage est caché par une branche d’arbre, tient un fusil encore fumant.

L’assassin se nomme Patrick Comasson. Jeune instituteur, il se voit condamné pour le crime qu’il vient de commettre. Sa « gueule d’ange » a mis le doute aux jurés, du moins le croit-il, lui évitant ainsi la guillotine. Mais le soulagement est de courte durée car, si Patrick a sauvé sa tête, il va très vite prendre la mesure de sa peine : perpétuité en Guyane.

C’est Patrick lui-même qui raconte son histoire de forçat à une fille que l’on ne connait pas encore mais qu’il considère comme sa nouvelle famille.

D’abord la traversée vers les tropiques, au cours de laquelle Patrick dit Paco fait la connaissance d’ Armand dit la Bouzille, bagnard d’une autre trempe, qui lui tatoue « la mort qui fauche » dans le dos et le prend sous son aile.

Puis l’arrivée au bagne de St Laurent en Guyane où la violence insoutenable de l’univers carcéral contraint Paco à tuer pour survivre. Devenu « Paco les Mains Rouges », blaze qui impose le respect dans le rang des forçats, l’homme apprend la débrouille et se hisse à une place plus privilégiée que celle de bien d’autres bagnards.

Quand une crise de palu l’envoie à l’hôpital où il retrouve Armand, Paco voit naître en lui des sentiments jusque-là insoupçonnés. Son calvaire prend alors un nouveau tournant…

Paco Les Mains Rouges est un roman graphique déroutant. Le dessin épuré couleur sépia et le trait faussement naïf contrastent avec la violence du sujet et le discours sans détour de Paco. Si ce livre nous éclaire sur la condition des bagnards, le sadisme de l’administration pénitentiaire et la déchéance qu’il induit, c’est avant tout l’aventure de Paco qui importe, l’histoire d’un homme qui puise au plus profond de son être la rage de vivre.

AC.

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7 octobre 2013

Chronique

Vincent Zabus (scénariste) et Hippolyte (dessinateur) nous convient à une tragédie en neuf actes resserrée autour d’un personnage anonyme ; il n’est personne, masqué et énigmatique, et il est tous les hommes et les femmes en quête d’un monde meilleur, d’une terre accueillante.

Chapitre un: le garçon raconte son histoire dans un bureau froid, sous une lumière aveuglante qui l’isole face à un fonctionnaire qui l’écoute. Accompagné de ses ombres, des « voix des aimés que la vie exila », de ses fantômes, il narre son périple cruel. Il vient du petit-pays que des cavaliers sanguinaires ont mis à sac ; sa sœur et lui ont alors fui les tueries et le vide creusés par la guerre et la misère ; c’est un long tunnel qui s’ouvre pour les deux enfants.

Du noir et de la couleur des cases surgissent des décors intemporels et oniriques qu’habitent des êtres réduits souvent à des traits, un imprimé, un masque… Hippolyte multiplie les trouvailles graphiques dans cet album et donne vie et âme au groupe d’hommes et de femmes que les enfants croisent sur leur route. Les planches en noir et blanc s’opposent à celles où dominent le jaune, et les cases douces jouant sur la transparence et les vides se heurtent à celles plus chargées qui foisonnent de détails.

Les monstres sont nombreux sur le parcours des exilés: un ogre civilisé qui fait travailler les enfants avant de les bouffer, un caïd libidineux de la grande ville, un serpent-passeur gonflé de l’argent pris à ces miséreux qu’il transporte dans son ventre, à l’étroit, sans lumière et sans eau… Ils sont les métaphores des dangers plus réels que peuvent rencontrer les pauvres hères tentant de gagner un ailleurs, « le pays du bonheur ».

La traversée de la grande mer au chapitre 7 est un moment magnifique et douloureux, le pastel sec envahit les cases, une double planche hallucinée. Le ciel se charge des souvenirs perdus des exilés disparus, de ceux qui n’ont plus d’espoir. On ne peut alors s’empêcher de penser à l’actualité, sombre écho.

Laissez-vous embarquer dans ce voyage triste et merveilleux, la balade est magistrale. Les Ombres est un album publié aux éditions Phébus qui s’immisce dans votre esprit après avoir touché votre rétine, une odyssée vers les portes de l’autre monde.

Véro.

Lire la chronique illustrée : http://www.brestenbulle.fr/?p=11673

Dargaud

16,95
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25 septembre 2013

Chronqiue

Les cinéphiles se souviennent certainement de la mariée incarnée par la sculpturale Uma Thurman dans "Kill Bill", et du massacre auquel elle survit dans une chapelle d’El Paso.
L’album de Fabien Nury (scénario) et Brüno (dessin) s’inscrit dans cet univers cher à Tarantino, entre histoire de gangsters et western-spaghetti, riche en scènes d’action mêlant acrobatie, balistique et pyrotechnie, le genre de melting-pot que pourrait rythmer « Cyco », fameuse antienne de "Suicidal Tendencies" (suivez mon regard vers la Carène…).
D’une mariée il est question dans la BD. Une blonde, forcément bien carrossée, qui se fait pisser dessus – oui, littéralement, et c’est moins attendu – par son futur beau-père, Spencer Pragg, avec l’aide des frères de son pas-encore-mari (puisque l’humiliation a lieu avant la cérémonie).

La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on. Stella (la mariée) n’aura pas le temps de méditer sur cet adage. Tandis que Black Rock, la bourgade tenue par les Pragg, vole en éclats, elle se laisse enlever par un tueur professionnel: Tyler Cross.

Scénario efficace, découpage cinemascope, graphisme tonique et haut en couleurs (signées Laurence Croix): les auteurs de cette pulpeuse fiction ont atteint leur cible.

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24 septembre 2013

Chronique

A Paris, quatre étudiants décident de prendre un appartement en colocation. Il y a Coco, une guitariste accroc au shopping, Gigi, une artiste colérique, Jon, un petit génie accompagné de son chat Lulu, et enfin Mick, un beau gosse super maniaque du ménage accompagné de son chat Zozo. Malgré leurs personnalités quelque peu originales, ils vont devoir apprendre à vivre ensemble.

Tandis qu’ils démêlent quelques différents, des événements étranges surviennent dans l’appartement sans qu’ils y prêtent la moindre attention… Jusqu’au moment où les chats commencent à marcher au plafond et les meubles à se déplacer tout seuls!

La voisine, experte en sciences occultes, apprend ce qui se passe et leur vient en aide: elle leur annonce qu’un alien se cache parmi eux !

Le soupçon s’installe entre les colocataires. Arriveront-ils à élucider le mystère sans détruire une amitié si fragile ?

Appt. 44 est un manga français de Dara dont 4 tomes sont actuellement parus chez Ankama.

Raiza.

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