Annesophie B.

https://www.instagram.com/annesophiebooks/?hl=fr

chroniqueuse littéraire à temps complet.

19,90
Conseillé par
10 octobre 2020

Du talent.

Une chose avant tout : pour apprécier De Soleil et De Sang à sa juste valeur (et il en a !), ne le commencez pas en pensant lire une deuxième version des Refuges.
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Oui, celui de l’année dernière était excellentissime. Oui, ça a été un des meilleurs thrillers de 2019. Aucun doute là-dessus.
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Mais, comme à son habitude, Jérôme Loubry nous propose cette année un nouveau roman totalement différent des précédents.
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Les lieux, l’ambiance, l’enquête, le message, le rythme : tout est différent.
Et c’est parfait comme ça.
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Il n’y a pas 36 façons de faire un bon thriller, et pourtant, l’auteur est parvenu, avec ses 4 thrillers, à nous proposer 4 histoires totalement différentes, en changeant à chaque fois absolument tout par rapport au roman précédent.
Ça s’appelle le talent, tout simplement.
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Si tout change à chaque histoire, certains aspects, eux, sont récurrents et sont un peu la « marque » de l’auteur : les enfants, les traumatismes violents, les conséquences sur des périodes plus ou moins longues et sur un certain nombre de protagonistes, et, toujours, ce monstre, tapi, qui nous rappelle les pires contes de notre enfance...
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Ce tout nouveau thriller présente donc lui aussi une intrigue passionnante, servie par des recherches poussées, et une multi temporalité toujours aussi efficace.
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Jérôme Loubry parvient chaque année à nous surprendre, toujours différent et pourtant toujours fidèle à ses thèmes favoris.
Grâce à une imagination débordante.
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Et, si cette année il parvient à nous interpeller encore plus que d’habitude, c’est parce qu’il arrive cette fois à faire fusionner une trame diabolique et des évènements réels traumatisants.
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Un rythme dingue, une histoire folle, des personnages troublants et des cauchemars assurés sont à portée de page, juste là...
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Alors, oui, il faut découvrir ce nouveau thriller, aucun doute. Tout en gardant l’esprit ouvert, et surtout entièrement vierge des précédents.
Pour en apprécier toutes ses qualités .
Pour se laisser porter.
Pour se laisser immerger.
Pour le laisser nous faire frissonner.
Et pour pouvoir pleinement le savourer.
En attendant impatiemment l’année prochaine...
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Dépêchez-vous, vous ne le regretterez pas !

Conseillé par
8 octobre 2020

Du vrai polar britannique.

Le Monde des Abberley, le nouveau polar de Robert Goddard vient de paraître. Est-il vraiment nécessaire d’en dire plus ?
Peut-être que oui, quand même, ne serait-ce que pour les lecteurs qui ne le connaissent pas encore 😉
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Goddard est, à ce jour, l’un des meilleurs auteurs britanniques de polars.
Et avec Le Monde des Abberley, il nous en propose de nouveau un d’excellente facture.
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Beatrix Abberley, vieille dame apparemment sans histoires, est retrouvée assassinée chez elle un matin par sa femme de ménage.
Rapidement, sa nièce, Charlotte, son neveu, Maurice, et la Police se rendent compte que ses Tunbridge Ware (objets en marqueterie de valeur) ont été également dérobés.
Aussi lorsque les bibelots en question sont retrouvés chez Fairfaix, un antiquaire connu de la Police pour d’autres faits, sa culpabilité ne semble pas faire de doute.
Mais la vérité est-elle réellement aussi simple que ça ?
Le frère de Fairfaix, lui, décide de croire en son innocence, et se rapproche de la famille, afin de leur faire afin de tenter de découvrir la vérité.
La victime était-elle réellement la femme simple que l’on pense ?
Si oui, pourquoi sa meilleure amie réagit-elle de cette façon ?
Et, surtout, qu’est-ce qui se cache derrière toutes ces histoires familiales dont on a abreuvé Charlotte durant son enfance ?
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La nouvelle intrigue de Robert Goddard se situe cette fois dans les années 80, et, si j’ai personnellement une préférence pour ses intrigues se situant plus loin dans le temps, il parvient une fois de plus à recréer une atmosphère toute en finesse et sans fausse note.
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Avec ce gros pavé de près de 650, il prend son temps, comme il sait si bien le faire, pour installer son histoire et ses différents personnages.
Il excelle décidément dans le rôle de guide des méandres familiaux et des sombres secrets filiaux.
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Comme toujours avec cet auteur, on ressort de cette intrigue avec une sorte de nostalgie, qui nous maintiendrait bien quelques centaines de pages supplémentaires.
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C’est bien tourné, fin, intelligent et prenant.
Bref, un très bon polar britannique.
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À découvrir, ainsi que tous ses autres titres.

Roman

Albin Michel

22,90
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8 octobre 2020

Une belle parenthèse.

Envie de passer une année avec John Lennon ? Et pas n’importe laquelle, mais sa dernière année, 1980. Alors Beautiful Boy pourrait exaucer ce souhait.

Anton Winter, la vingtaine, est le fils de Buddy, ancien présentateur télé très aimé mais dépressif, et après avoir passé une année en mission humanitaire, le voilà de retour dans l’appartement familial.
Mais leur adresse n’est pas n’importe laquelle : ils habitent un très bel appartement dans le fameux Dakota Building, et leurs voisins sont Lauren Bacall, Rudolf Noureev, Jack Palace, ou encore John Lennon, et sa femme Yoko.
Pour Buddy, le retour de son fils est une bénédiction : car c’est grâce à lui, et surtout avec lui, qu’il compte reconquérir les plateaux télé.
Mais à tant entremêler leurs destinées, le rôle de père/fils semble bien souvent s’inverser...
Jusqu’où un enfant peut-il s’oublier lui-même pour le bien d’un de ses parents ?

Avec ce roman tout en délicatesse et en profondeur, Tom Barbash dissèque la relation, fusionnelle et parfois épuisante, d’un père et d’un fils.

Avec un rythme volontairement lent (mais jamais ennuyeux !), l’auteur nous raconte, par la voix d’Anton, les grands et les petits changements qui ont secoué New-York (et les Etats-Unis dans leur ensemble) durant cette année 1980.
Si la fin (tragique) est connue de tous, puisqu’elle fait partie de l’Histoire, les chemins de traverse qu’il nous fait prendre pour y parvenir sont aussi intéressants que passionnants.

En suivant la famille Winter, ainsi que leurs amis et voisins, on se surprend à apprendre certaines choses ignorées, et à s’en remémorer d’autres que nous avions apprises à une époque.
Et c’est ce qui fait tout le charme de ce roman, très bien ancré dans les eighties, et en même temps terriblement actuel.

Avec de très belles déclarations d’amour à la littérature et à la musique, Tom Barbash nous restitue une époque que beaucoup d’entre nous n’ont pas connue et qui nous rend portant nostalgiques.

Appuyée par des recherches approfondies, et servie par une plume délicate, cette histoire s’immisce doucement mais fermement dans l’esprit du lecteur, et offre une sorte de parenthèse enchantée que l’on ne quitte qu’à regrets.
À lire.

Conseillé par
2 octobre 2020

Pour voir autrement.

Émouvant, drôle, et surtout beaucoup plus profond qu’on pourrait le croire au premier abord.
Lire Didier Van Cauwelaert c’est toujours une petite aventure, et c’est, bien souvent, aussi une expérience originale.
Avec son nouveau roman, L’Inconnue du 17 Mars, il le démontre une nouvelle fois.

S’attaquer au problème de la Covid-19, pas mal d’auteurs l’ont tenté ces derniers mois. Avec un sujet aussi actuel, et surtout toujours aussi présent dans nos vies, ce n’est pas forcément un exercice facile, puisqu’il faut bien admettre que nous tous notre avis bien personnel sur la question.

Mais l’auteur parvient tout de même, une fois de plus, à nous raconter une histoire aussi extraordinaire (au premier sens du terme) que profondément originale.
Et, par dessus tout, à nous proposer une approche différente non pas de la maladie en elle-même, mais de sa cause.

Lucas est devenu sans-abri suite à un désastreux concours de circonstances. Au matin du 17 mars, ce SDF amoureux des livres attend calmement la mise en place du confinement. Que compte t-on faire pour les gens « comme lui » ?
Ce questionnement va être, par la force des choses, remis à plus tard, puisqu’en traversant la rue, il va se faire renverser.
Mais le plus étonnent l’attend quand il reprend ses esprits à l’intérieur du véhicule : la personne qui l’a renversé n’est autre que son ex petite amie, perdue de vue depuis 20 ans.
Alors qu’ils se retrouvent tous les deux à aller dans son ancienne maison de famille, où un drame affreux s’est déroulé, Lucas commence à comprendre que le hasard n’est pour rien dans la subite réapparition d’Audrey.
Mais pourquoi ? Qu’est-ce que lui, l’ancien prof jeté en pâture à la vindicte populaire, pourrait bien faire pour elle et pour... le monde ?

Il est noté, sur la quatrième de couverture, que nous sommes ici devant un conte philosophique, et c’est exactement ça.
Didier Van Cauwelaert va loin, et nous y amène avec lui.

Pour le suivre, et apprécier le voyage, il va cependant falloir que lecteur accepte d’ouvrir son imagination, d’élargir le champ des possibles communément admis.

Et parfois, ça fait furieusement du bien, de regarder plus loin, et autrement.
À découvrir !

9,99
Conseillé par
2 octobre 2020

Intelligent et profond.

Avec La Peine du Bourreau, Estelle Tharreau revient une nouvelle fois un roman aussi noir que profond, et aussi dérangeant qu’instructif.
Allant du milieu des années 70 à nos jours, l’auteure nous retrace, grâce à une intrigue très intéressante, la longue et difficile histoire de la peine de mort aux Etats-Unis, mais la lente évolution sociale et raciale de ce pays.

Ed, condamné à la peine capitale, passe sa dernière soirée dans le couloir de la mort.
Alors qu’il reste quatre heures avant l’exécution, le gouverneur du Texas va se rendre à la prison et demander à s’entretenir, secrètement, avec le bourreau McCoy.
Ce qu’il veut peut sembler simple : que ce dernier lui explique son travail de bourreau, ce qui l’a amené à faire ce métier, mais également les leçons qu’il a retenu de sa longue carrière. Tout cela dans l’espoir que ça l’aide à savoir si, oui ou non, il doit accorder une grâce au fameux Ed 0451.

Mais pourquoi ce détenu a-t’il perpétré les cinq terribles crimes qui lui valent d’être là ?
Car, ces crimes, répondent à une logique terrible.
Une logique que vous découvrez petit à petit.

250 pages de pur roman noir, traitant d’un sujet ô combien complexe.

Sans jamais se poser en juge de la morale, Estelle Tharreau nous décrit les attentes et les craintes, les haines et les certitudes qui creusent le fossé infranchissable qui sépare les « pour » et les « anti ».

Que le lecteur soit lui-même pour ou contre, ce livre le poussera dans ses plus profonds retranchements.

Quel a été l’évolution de cette procédure aux USA ?
Pourquoi perdure t-elle encore, malgré les nombreuses objections qui s’élèvent ?
Qu’a fait Ed pour en arriver là ?
Quelle formidable leçon de vie un bourreau de métier pourrait-il donner à un gouverneur ?
Et quelle sera la décision de celui-ci à la fin de la quatrième heure ?
Pour avoir toutes ces réponses, il vous faudra lire le nouveau et très bon roman D’Estelle Tharreau, paru chez Taurnada le 1er octobre.

Une lecture qui vous fera réfléchir et que vous ne regretterez pas.
À découvrir sans hésitation.