Guide du loser amoureux

Junot Díaz

Plon

  • Conseillé par
    4 octobre 2013

    Amant infidèle blessé

    Yunior est le genre d’hommes que toute les femmes exècrent, un horrible "specimen unique de Dominicain". Pas si unique que cela si on lit toutes les histoires. Sur neuf chapitres, il évoque son enfance à Saint Domingue, sa vie de dominicain exilé aux Etats-Unis, ses aventures, le cancer de son frère peut-être encore plus instable que lui.

    Ce sont des liaisons éphémères (est-ce à cause de la différence de peau) avec des blanches ( Veronica), avec des "vieilles" (Miss Lora une prof de quarante ans alors qu’il n’en a que seize), avec une bombe comme son "ex", Magdalena, mais à laquelle il ne fait attention qu’au moment où elle le quitte, lassée de ses aventures et ses mensonges.
    Doit-on l’excuser à cause d’un père autoritaire, d’un exil difficile aux États-Unis, de la maladie de son frère ? Je n’en ai pas vraiment envie et je jubile quand enfin son "ex" lui fait comprendre la peine d’une rupture.
    Maintenant, si on passe sur le caractère du personnage principal et sur l’habitude de l’auteur à insérer dans ses phrases des mots espagnols (en général des mots obscènes), je parviens à entrevoir une certaine tristesse derrière l’humour et même dans l’histoire de Yasmin et Ramon, une belle émotion. Mais, par contre, je ne comprends pas pourquoi au milieu de chapitres entièrement consacrés à la famille de Yunior, il y a cette belle  histoire d’un couple d’éxilés. J’ai supposé que Ramon était le père de Yunior.  Les dominicains semblent avoir une famille aux États-Unis et une autre au pays, comme Ramon et Elvis, l’ami de Yunior.
    Il y a bien sûr la douleur de l’exil avec cette pauvre Mami (la mère du narrateur) qui se retrouve isolée dans le froid américain, ce racisme latent , ces conditions de vie assez sordides  tant dans certains quartiers pauvres de République dominicaine que dans les quartiers américains pour " los hispanos".