Soudain, le fascisme. La marche sur Rome, l'autre révolution d'octobre
EAN13
9782072541766
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
NRF Essais
Langue
français
Langue d'origine
italien
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Soudain, le fascisme. La marche sur Rome, l'autre révolution d'octobre

Gallimard

NRF Essais

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Il s’était rasé de près, avait dissimulé son crâne chauve sous une perruque,
pris un tram et, en cette nuit du 24 au 25 octobre 1917, s’était rendu au
Palais d’Hiver pour s’emparer du pouvoir. Lénine avait compris qu’il fallait
saisir l’occasion favorable qui ne se représenterait pas. Cinq années plus
tard presque jour pour jour, dans la soirée du 29 octobre 1922, Benito
Mussolini, chauve et mal rasé, vêtu d’une chemise noire, monta dans un train,
acclamé par la foule, pour se rendre à Rome et y prendre le pouvoir. Lui aussi
avait pressenti qu’il fallait profiter du moment propice. Au terme d’une
insurrection de deux jours qu’il avait lui-même baptisée "marche sur Rome",
l’Italie n’eut pas seulement un gouvernement, mais une dictature. Si les
historiens conviennent qu’il y eut non une révolution bolchevique, mais un
coup d’État, il n’en va pas de même pour la marche sur Rome. Comment se peut-
il, pour reprendre des expressions de contemporains de l’événement, qu’"un
opéra-bouffe", "une kermesse maladroite", "un rassemblement sans importance
d’idiots utiles" ait donné naissance à l’un des régimes les plus tragiquement
antidémocratiques et impérialistes du XXe siècle ? Prenant pour fil conducteur
du récit la confrontation entre l’homme d’action et l’occasion à saisir,
c’est-à-dire le moment où la décision humaine intervient sur les circonstances
pour fixer la voie à suivre, sans aucune garantie de succès, Emilio Gentile,
dans une étude radicalement nouvelle, montre à l’œuvre un parti organisé comme
une milice qui conquiert le gouvernement d’une démocratie parlementaire
paralysée par ses renoncements. Le but de la conquête est affiché depuis le
commencement : détruire l’État libéral et la démocratie, grâce à
l’indifférence et à la passivité de la majorité de la population. La dictature
fasciste débuta dès la marche sur Rome, puisqu’elle était l’inexorable
conséquence de la nature même du parti.
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