- EAN13
- 9782246641698
- Éditeur
- Grasset
- Date de publication
- 04/10/2006
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Autre version disponible
-
Papier - Grasset 17,30
« Le monde entier nous hait et nous le méritons bien : telle est la conviction
d?une majorité d?Européens, du moins à l?Ouest. Depuis 1945, en effet, notre
continent est habité par les tourments du repentir. Ressassant ses
abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses,
l?esclavage, l?impérialisme, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa
longue histoire qu?une continuité de tueries, de pillages qui ont abouti à
deux conflits mondiaux, c?est-à-dire à un suicide enthousiaste. A ce sentiment
de culpabilité, toute une élite intellectuelle et politique donne ses lettres
de noblesse, appointée à l?entretien du remords comme jadis les gardiens du
feu. Dans cette rumination morose, les nations européennes oublient qu?elles,
et elles seules, ont fait l?effort de surmonter leur barbarie pour la penser
et se mettre à distance d?elle, construisant un monde de paix et de
prospérité. L?Europe a sans doute enfanté des monstres, elle a du même coup
enfanté les théories qui permettent de détruire les monstres. ?Curieusement
nous vivons aujourd?hui une situation de repentir à sens unique : celui-ci
n?est exigé que d?un seul camp, le nôtre, et jamais des autres cultures, des
autres régimes qui se drapent dans leur pureté supposée pour mieux nous
accuser. Mais l?Europe accepte trop volontiers le chantage à la faute ; si
nous adorons nous flageller et nous couvrir la tête de cendres, n?est-ce pas
que notre souhait secret est de sortir de l?Histoire, de nous abriter
peinards, dans le cocon de la contrition, pour ne plus agir, échapper à nos
respnsabilités ? La repentance n?est peut-être rien d?autre que le triomphe de
l?esprit d?abdication. » ? P.B ? ?
d?une majorité d?Européens, du moins à l?Ouest. Depuis 1945, en effet, notre
continent est habité par les tourments du repentir. Ressassant ses
abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses,
l?esclavage, l?impérialisme, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa
longue histoire qu?une continuité de tueries, de pillages qui ont abouti à
deux conflits mondiaux, c?est-à-dire à un suicide enthousiaste. A ce sentiment
de culpabilité, toute une élite intellectuelle et politique donne ses lettres
de noblesse, appointée à l?entretien du remords comme jadis les gardiens du
feu. Dans cette rumination morose, les nations européennes oublient qu?elles,
et elles seules, ont fait l?effort de surmonter leur barbarie pour la penser
et se mettre à distance d?elle, construisant un monde de paix et de
prospérité. L?Europe a sans doute enfanté des monstres, elle a du même coup
enfanté les théories qui permettent de détruire les monstres. ?Curieusement
nous vivons aujourd?hui une situation de repentir à sens unique : celui-ci
n?est exigé que d?un seul camp, le nôtre, et jamais des autres cultures, des
autres régimes qui se drapent dans leur pureté supposée pour mieux nous
accuser. Mais l?Europe accepte trop volontiers le chantage à la faute ; si
nous adorons nous flageller et nous couvrir la tête de cendres, n?est-ce pas
que notre souhait secret est de sortir de l?Histoire, de nous abriter
peinards, dans le cocon de la contrition, pour ne plus agir, échapper à nos
respnsabilités ? La repentance n?est peut-être rien d?autre que le triomphe de
l?esprit d?abdication. » ? P.B ? ?
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