- EAN13
- 9782251910840
- Éditeur
- Les Belles Lettres
- Date de publication
- 08/03/2019
- Collection
- Le Goût de l'Histoire
- Langue
- français
- Langue d'origine
- anglais
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Les Voisins
10 juillet 1941. Un massacre de Juifs en Pologne
Jan T. Gross
Les Belles Lettres
Le Goût de l'Histoire
Autre version disponible
Le massacre collectif des Juifs de Jedwabne dans le courant de l’été 1941
rouvre le dossier de l’historiographie des relations entre Polonais et Juifs
au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il faut mettre de côté les sédatifs
administrés depuis plus de cinquante ans par les historiens et les
journalistes. Il est tout simplement inexact que les Juifs massacrés en
Pologne au cours de la guerre l’aient été uniquement par les Allemands, à
l’occasion assistés dans l’exécution de leur besogne macabre par des
formations d’auxiliaires de police essentiellement composées de Lettons,
d’Ukrainiens et autres « Kalmouks », pour ne dire mot des légendaires « boucs
émissaires » que chacun fustigeait parce qu’il n’était pas facile d’assumer la
responsabilité de ce qu’il avait fait — les szmalcowniks, les extorqueurs qui
se firent une spécialité de faire chanter les Juifs essayant de vivre dans la
clandestinité. En les désignant comme coupables, les historiens et autres ont
trouvé commode de clore ce chapitre et d’expliquer que toute société a sa «
lie », qu’il ne s’agissait que d’une poignée de « marginaux » et que, de toute
manière, des cours clandestines s’occupèrent d’eux. […] En vérité, il nous
faut repenser l’histoire polonaise de la guerre et de l’après-guerre, mais
aussi réévaluer certains thèmes interprétatifs largement acceptés comme
explications des faits, attitudes et institutions de ces années-là.
rouvre le dossier de l’historiographie des relations entre Polonais et Juifs
au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il faut mettre de côté les sédatifs
administrés depuis plus de cinquante ans par les historiens et les
journalistes. Il est tout simplement inexact que les Juifs massacrés en
Pologne au cours de la guerre l’aient été uniquement par les Allemands, à
l’occasion assistés dans l’exécution de leur besogne macabre par des
formations d’auxiliaires de police essentiellement composées de Lettons,
d’Ukrainiens et autres « Kalmouks », pour ne dire mot des légendaires « boucs
émissaires » que chacun fustigeait parce qu’il n’était pas facile d’assumer la
responsabilité de ce qu’il avait fait — les szmalcowniks, les extorqueurs qui
se firent une spécialité de faire chanter les Juifs essayant de vivre dans la
clandestinité. En les désignant comme coupables, les historiens et autres ont
trouvé commode de clore ce chapitre et d’expliquer que toute société a sa «
lie », qu’il ne s’agissait que d’une poignée de « marginaux » et que, de toute
manière, des cours clandestines s’occupèrent d’eux. […] En vérité, il nous
faut repenser l’histoire polonaise de la guerre et de l’après-guerre, mais
aussi réévaluer certains thèmes interprétatifs largement acceptés comme
explications des faits, attitudes et institutions de ces années-là.
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