Rondes de nuit
EAN13
9782358731478
Éditeur
Le Bruit du temps
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
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Rondes de nuit

Le Bruit du temps

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À première vue, ce livre très singulier pourrait apparaître comme une simple
galerie de portraits d’écrivains et d’artistes. Ou même, pour une bonne part
de ses pages, comme une petite histoire de la littérature suisse romande d
’après-guerre, où l’auteur reconstitue, à la suite d’une longue enquête sur
les lieux, la figure de son plus prestigieux éditeur, Henri-Louis Mermod avant
d’évoquer ses propres rencontres avec les écrivains que ce dernier avait
publiés (Gustave Roud, Philippe Jaccottet) ou qui sont apparus dans son
sillage (le romancier Jacques Chessex, la poétesse Anne Perrier). Mais ce
serait là faire fausse route, ne s’attacher qu’à la liste des noms évoqués
qui, avec le peintre Garache ou le poète Pierre Oster, finit par excéder les
limites géographiques d’un pays. Le texte liminaire est d’ailleurs très clair,
il s’agit en réalité d’une sorte de roman d’apprentissage et même plutôt,
toute proportion gardée bien sûr, comme dans La Recherche, du récit d’une
vocation. Paradoxalement, alors même qu’Amaury Nauroy va à rebours du Contre
Sainte-Beuve et que, loin de s’en tenir aux œuvres seules, il semble
s’intéresser d’abord au quotidien des artistes qu’il approche et même aux
aspects les plus anecdotiques de leur existence, c’est bien à Proust qu’il
peut faire penser par cette manière de faire vivre sous nos yeux, avec la
vivacité d’un Saint-Simon (autre modèle revendiqué), et sans complaisance
aucune, toute une petite société. Et s’il s’attache à la décrire, dans une
prose alerte, pleine de fantaisie, « vagabonde et imprévisible », plus proche
de Charles-Albert Cingria, qui n’apparaît qu’en passant dans ces pages, que
des modèles autour desquels elles tournent, c’est qu’il est moins à la
recherche d’une écriture que d’une leçon de vie, n’analysant pas les œuvres
mais s’attachant à comprendre de quelles expériences elles naissent, de quelle
nécessité vitale, et avec quelle endurance elles tentent de maintenir une
joie, un enthousiasme, en dépit de tout ce qui contribue à nous déposséder de
nous-mêmes. Ne négligeant pas l’anecdote, le narrateur réussit à nous faire
aussi partager les moments d’épiphanie, comme cette présence des montagnes,
soudain perçue au buffet de la gare de Lausanne : « quelque chose d’invisible
dans l’air m’a paru pousser d’en bas vers le haut sur le ciel ; une lointaine,
mais très énergique pression de ces rocs sur le vide alentour, m’a atteint de
plein fouet ». Longtemps, le narrateur de Rondes de nuit a vu dans les
personnages du tableau de Rembrandt auquel il emprunte son titre, « une
mystérieuse ronde de poètes », lui-même s’identifiant à l’enfant ébahie d’être
là, « à qui la parole manque », au centre de la composition. Plus tard, au
cours de l’ouvrage, sa compréhension du sens du tableau s’approfondira pour y
voir désormais « la connivence des vivants et des morts sans quoi toute vie
demeure irrespirable ». Les deux côtés de son existence se rejoignent, le
portrait du grand-père paysan peut alors figurer dans le livre à côté de ceux
de la famille d’élection. La première édition de ce livre a été très bien
accueillie aussi bien en France qu'en Suisse Romande. « Ce livre est une
merveille. » (Jérôme Garcin, Le Masque et la plume, 1er octobre 2017) «
L'ouvrage le plus original, le plus inattendu, le plus fin de cette rentrée
2017 » (Pierre Assouline, La République des Livres, novembre 2017)
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