Les mutations sorcières dans le bassin du Congo, Du ventre et de sa politique
EAN13
9782811115289
Éditeur
Karthala
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Les mutations sorcières dans le bassin du Congo

Du ventre et de sa politique

Karthala

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Dans les sociétés bantoues où les relations de parenté constituent le noyau
rationnel de l’économie de la vie, toute atteinte à la structure du lignage
ébranle non seulement le fondement social des droits et des obligations de
chacun mais aussi son rapport au monde. La conséquence immédiate en est le
retour du fait sorcellaire qu’un certain africanisme attribue à la dynamique
de la modernité africaine ou à l’emprise de la retraditionnalisation. Mais la
sorcellerie (kindoki), au sens que les Bantous lui accordent, relève d’une
conception derrière laquelle se profile toujours l’armature parentale au coeur
de laquelle se trouve la notion centrale de ventre.

Au-delà de sa désignation anatomique (vumu), le ventre symbolise le lignage
(moyo), lieu de localisation de la force vitale protectrice du groupe sous la
forme d’une substance spécifique, kundu (witchcraft substance), émanation de
l’ancêtre dont il assure la permanence, l’ordre et la force de la loi.

En partant de la crise structurelle qui frappe les sociétés matrilinéaires du
bassin du Congo, cet ouvrage étudie les mutations sociales et politiques en
cours, de leur genèse coloniale à leur expression globalisée contemporaine. Il
montre combien le délitement des structures lignagères laisse jaillir toute la
souffrance qu’elles canalisaient chez l’individu et comment la société,
irriguée désormais par des tensions inédites, aspire à de nouveaux équilibres.
D’où le souci de se ressourcer à un idéal-type dans lequel la relation
sorcellaire traduit le désir de retrouver un cadre où tout semblait réglé par
une force tutélaire. C’est sous l’emprise de cette idéalité, fascinante mais
illusoire, que le sujet lignager postcolonial se construit, en reproduisant
par la défensive ce que la rapidité des mutations sociales et politiques ne
lui permet pas de symboliser.

Patrice Yengo, anthropologue, est chercheur associé à l’Institut des mondes
africains de l’EHESS. Enseignant en pharmacologie à la faculté de médecine de
Brazzaville, il s’est ensuite orienté vers l’anthropologie médicale puis
politique à la faveur des bouleversements sociaux et les conflits politiques
apparus en Afrique centrale au lendemain de l’effondrement de la bipolarité
est-ouest. Contraint à l’exil à la suite de la guerre civile du Congo-
Brazzaville en 1998, il a soutenu une thèse en anthropologie politique, suivie
d’une habilitation à diriger des recherches et d’une résidence à l’Institut
des études avancées de Nantes (2010-2012). Il a déjà publié La guerre civile
du Congo-Brazzaville aux éditions Karthala en 2006.
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