Naissance de l'éditeur, L'édition à l'âge romantique
EAN13
9782874498152
Éditeur
Les Impressions nouvelles
Date de publication
Collection
Réflexions faites
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Naissance de l'éditeur

L'édition à l'âge romantique

Les Impressions nouvelles

Réflexions faites

Indisponible

Autre version disponible

La fonction d’éditeur est de celles qui nous paraissent aujourd’hui aussi
naturelles que l’existence d’une littérature faite de livres, de prix
littéraires et d’auteurs individuels. Perception trompeuse : l’édition a une
histoire et, par conséquent, sa stabilité n’est pas définitivement acquise.
Cette histoire est à la fois longue et très circonscrite. D’un côté, elle se
confond avec l’histoire même du livre et du lent processus de division du
travail dont celle-ci a été le théâtre : aux métiers cumulés de l’imprimeur,
de l’éditeur et du libraire va succéder, à l’époque moderne, une répartition
de plus en plus stricte de ces fonctions entre des acteurs différenciés. De
l’autre, cette histoire peut être superposée à celle qui voit naître, entre
1820 et 1850, à la fois la figure de l’« auteur » et la figure de l’« éditeur
», au cours d’une période correspondant très exactement à la révolution
esthétique du romantisme et à la mise en place des structures du champ
littéraire moderne. L’objet de l’ouvrage est de rendre compte de cette double
histoire et de cerner les facteurs qui ont autorisé l’émergence d’une fonction
symbolique sans précédent : celle de l’éditeur, vu comme double et comme
partenaire de l’auteur dans l’acte de production du livre. En ce sens,
l’ouvrage rassemble, pour les insérer dans un commentaire nourri, de nombreux
textes d’écrivains, de journalistes, de critiques littéraires ou d’éditeurs de
la période concernée, de manière à composer quelque chose comme le portrait
collectif de l’éditeur moderne. Aux côtés de Kant, Condorcet, Nodier, Balzac,
Gautier, Daudet ou du jeune Mallarmé, c’est toute une galerie de témoignages
qui sont ici réunis pour la première fois, sous les signatures injustement
oubliées ou négligées de Frédéric Soulié, Élias Régnault, Alfred Asseline,
Edmond Werdet ou encore Jules Janin, portant tour à tour sur la double marche
de la « chose littéraire » et de la « chose éditoriale » un regard souvent
ironique, parfois caustique, mais toujours éloquent. Au détour de ces
témoignages, ce sont aussi quelques-uns des premiers grands éditeurs dont le
portrait se trouve tracé et, surtout, cerné à l’intérieur du système de la
production littéraire à l’âge de la modernité commençante, tels Curmer,
Ladvocat, Charpentier, Hachette ou Lemerre. L’enjeu de cette reconstruction
sociologique et historique, fondée sur des documents souvent inédits, n’est
pas simplement d’érudition ou de curiosité à l’égard de quelques figures
injustement occultées par le culte exclusif des grands auteurs. Il est aussi
d’alerter sur les logiques qui font aujourd’hui évoluer le système éditorial
vers une production « sans éditeurs », articulée à de grands groupes anonymes
nationaux ou internationaux, pour lesquels le livre n’est qu’un produit parmi
d’autres. Mettre en évidence les facteurs ayant présidé à la constitution d’un
champ littéraire et éditorial autonome revient aussi bien, en effet, à porter
au jour les facteurs qui, aujourd’hui, tendent à réduire cette autonomie,
produit d’une longue lutte des producteurs intellectuels contre la soumission
de leur activité aux deux contraintes de l’État et de l’Économie. Original par
son objet comme par sa méthode, l’ouvrage représente une contribution inédite
à l’histoire des pratiques culturelles, et plus spécialement à l’histoire du
livre moderne. Dans sa dimension anthologique, il réunit pour la première
fois, en un ensemble cohérent et significatif, des textes injustement négligés
– dont beaucoup n’ont jamais été republiés depuis leur première parution -,
qui composent une sorte de portrait collectif de l’éditeur à l’âge moderne.
Dans sa dimension analytique, il entrecroise de façon lisible par un large
public les perspectives de l’histoire des idées, de l’histoire littéraire et
de la sociologie des pratiques culturelles. Il sensibilise aussi aux menaces
que les concentrations éditoriales font peser sur l’autonomie de la production
intellectuelle et littéraire.
S'identifier pour envoyer des commentaires.