- EAN13
- 9791021001190
- ISBN
- 979-10-210-0119-0
- Éditeur
- Tallandier
- Date de publication
- 17/01/2013
- Collection
- TEMOIGNAGE
- Dimensions
- 22,5 x 17 x 3,1 cm
- Poids
- 760 g
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Journal de Guerre, 1914-1918
De Maurice Bedel
Préface de Philippe Claudel, Jean-Pierre Rioux
Édité par Chantal Verdon
Commenté par Franck Beaupérin
Tallandier
Temoignage
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"Les temps sont noirs. L'horizon est barré.
Il ne faudra pas que l'on croit dans cent ans que c'était gai, la Victoire. Il faudra montrer à nos arrières petits-enfants les routes de Lorraine détrempées par les inondations où allait la théorie des soldats fatigués, des chevaux fatigués, des voitures fatiguées, des camions fatigués; où marchaient en bandes loqueteuses, misérables, déshumanisées, Russes, Roumains, Italiens, Français, Anglais, poussés hors d'Allemagne, harcelés par la grippe et redoutés des populations. Il faudra leur montrer le champ de désolation de la Champagne ou de la Meuse, de la Picardie et des Flandres, où se lamente sans vivres et sans abris sous les pluies exécrables d'un hiver pourri tout un peuple accouru des exils de Gascogne, de Touraine, de Poitou dès les premières heures de l'armistice. Il faudra leur montrer Nancy, carrefour des misères où la grippe terrasse les rapatriés au seuil de la Terre Promise, les démobilisés échappés aux obus, aux gaz et aux balles ; Reims qui n'est plus, Lille où l'on est affamé... Il faudra leur montrer Paris insouciant et fol, vieille coquette ayant retrouvé sa poudre, son rouge, et ses mouches et tenant salon au boulevard des Italiens à l'heure où tout le monde s'écroule".
Il ne faudra pas que l'on croit dans cent ans que c'était gai, la Victoire. Il faudra montrer à nos arrières petits-enfants les routes de Lorraine détrempées par les inondations où allait la théorie des soldats fatigués, des chevaux fatigués, des voitures fatiguées, des camions fatigués; où marchaient en bandes loqueteuses, misérables, déshumanisées, Russes, Roumains, Italiens, Français, Anglais, poussés hors d'Allemagne, harcelés par la grippe et redoutés des populations. Il faudra leur montrer le champ de désolation de la Champagne ou de la Meuse, de la Picardie et des Flandres, où se lamente sans vivres et sans abris sous les pluies exécrables d'un hiver pourri tout un peuple accouru des exils de Gascogne, de Touraine, de Poitou dès les premières heures de l'armistice. Il faudra leur montrer Nancy, carrefour des misères où la grippe terrasse les rapatriés au seuil de la Terre Promise, les démobilisés échappés aux obus, aux gaz et aux balles ; Reims qui n'est plus, Lille où l'on est affamé... Il faudra leur montrer Paris insouciant et fol, vieille coquette ayant retrouvé sa poudre, son rouge, et ses mouches et tenant salon au boulevard des Italiens à l'heure où tout le monde s'écroule".
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