Les Wendel 1704-2004

Certains noms d'entreprises fonctionnent à la manière des lanternes magiques d'autrefois. A leur évocation surgissent des dynasties familiales, des générations d'ouvriers et des cathédrales industrielles. On « voit » littéralement des villes se transformer, des habitudes se modifier grâce à de nouveaux produits. On « entend » le bruit si particulier de machines gigantesques, l'agitation qui anime ces fabriques et jusqu'au silence qui s'installe lors des conflits ou, pire, des fermetures.A l'occasion du tricentenaire de la « Maison Wendel », c'est la diversité fascinante de cet univers que restitue Jacques Marseille, professeur à la Sorbonne, spécialiste de l'histoire économique et auteur confirmé. Grâce à une exploration méthodique des archives et en s'appuyant sur une documentation iconographique très riche, l'auteur brosse, sans parti pris et avec le recul de l'historien, la fresque de ces « rois de l'acier », passés du canon et des rails à l'emballage et à la carte électronique.Des personnages hors du commun émergent : le fondateur, Martin Wendel, en 1704 ; les deux « veuves du fer » qui, au tournant des XVIIIe-XIXe siècles, ont porté l'entreprise à bout de bras ; François de Wendel, patron emblématique de l'entre-deux-guerres et, pour certains, incarnation du pouvoir occulte des « deux cents familles ».Cette histoire tricentenaire est aussi jalonnée de prouesses techniques – la découverte du procédé Thomas Gilchrist qui donne sa chance industrielle à la Lorraine – et de drames – trois guerres franco-allemandes avec leur lot de destructions, d'annexions – jusqu'à la fermeture des usines, perçue comme un séisme régional.L'histoire de Wendel est ainsi celle d'une région, la Lorraine, d'une communauté humaine, les « hommes du fer », et un pan de l'aventure entrepreneuriale de la France.