Eireann Yvon

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Amoureux de la lecture et de la Bretagne, j'ai fait au hasard des salons littéraires de la région beaucoup de connaissances, auteurs ou lecteurs.
Vous trouverez mes chroniques ici :
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A bientôt.
Yvon

Laurent Nicolas

Lilo

16,00
Conseillé par
7 janvier 2016

Métro « Bonnes nouvelles* » !

Vingt stations du métropolitain parisien, vingt nouvelles portant chacune le nom d’une gare de métro. En voiture pour un périple littéraire dans les entrailles de la capitale.
Liste des arrêts souterrains ou pas d’ailleurs : Porte des Lilas, Bolivar, Chevaleret, Mabillon, Pré Saint Gervais, Saint Paul, Peirère, Chemin vert, Pont Marie, Rue Montmartre, Porte d’Orléans, Sablons, Louis Blanc, Grands Boulevards, Botzaris, La Fourche, Jourdain, Reuilly Diderot, Montsouris, Père Lachaise.
N’oubliez-pas de faire oblitérer votre ticket. Vous vous souvenez :
« Des petits trous, des petits trous, je fais des petits trous ».
D’un cimetière à la Porte des Lilas au plus connu des cimetières parisiens du Père Lachaise, balade dans Paris avec quelques témoins de cet enterrement !
« Bolivar », un homme enterre un de ses amis. En sortant du cimetière, il marche dans Paris avec une jeune fille, il parle du défunt, d’un verre à l’autre, elle l’accompagne chez lui. Il parle de Fred, sa vie son œuvre… Paula, une amie de Fred, vient le voir au matin…
Paula tente de reconstituer les derniers jours de Fred, un doute subsiste sur les circonstances de sa mort ; comme Socrate, s’est-il suicidé ? A-t-il été assassiné ? Paris et Fred se dévoilent au fil des chapitres et des rencontres. Paula entend parler de choses mystérieuses, de boîtes rapportées d’Afrique dont il est aussi question dans une organisation, « La Fondation Africaine des Prospecteurs ».
Un puzzle qui nouvelle après nouvelle se met petit à petit en place. Des personnages multiples, mais certains sont en quelque sorte « récurrents », Paula, Bethy, le narrateur, et omniprésent Fred le défunt ! Qui était-il vraiment ? Peu à peu une autre facette du personnage se dessine, un côté plus sombre… D’autres protagonistes, eux, ne font que passer, comme cet homme qui s’invite dans les enterrements avec des fortunes diverses, comme celle de coucher avec la veuve. Un jour il est rejoint par un de ses voisins… début d’une possible amitié ? Une bonne bouteille de Bordeaux rapproche les hommes. Une doctoresse, Lynn Thomston, qui cache bien son nom, un chauffeur de taxi descendant d’un russe blanc exilé, Angie et Antoine, jumeaux aux comportements ambigus, et beaucoup d’autres…
On trouve dans ce livre beaucoup de vrais Parisiens, des gens nés à Paris et qui ne quitteront la capitale pour rien au monde, même dans la mort ! Ils ont tous hérité d’appartements légués par leurs parents !
Un livre original dans son histoire et dans sa narration, Paris le jour à travers son métro. Malgré tout un sentiment mitigé, même si j’ai bien aimé le dénouement !
Quelques moments de poésie dans certaines descriptions sont très agréables.
* Au pluriel car elles sont plusieurs. Le nom de la station de métro, est en réalité
« Bonne nouvelle »

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6 janvier 2016

Allô Docteur...

Un des titres de Kerouac que j'avais trouvé excellent il y a moult années... et maintenant, quelques décennies après. Ce livre et d'autres, passant de jeune homme en lecteur ayant pris de la bouteille ! Confirmation ou déception ?
Un nouveau défi, sorte de course contre le temps ! Et en même un autre hommage à cet auteur qui a marqué une génération de lecteurs, moi en particulier. Au cours de mes balades dans les salons littéraires bretons, je rencontre très souvent des adeptes de Kerouac.
Cet ouvrage a été édité en 1959, mais semble-t-il écrit en 1952, avant « Maggy Cassidy ».
Plusieurs livres dans cet ouvrage.
Livre Un « Les fantômes de la nuit de Pawtuchetville », bourgade du Canada français.
Livre Deux « Un film-livre ténébreux ».
Livre Trois « Encore des fantômes ».
Livre Quatre « La nuit où l’homme à la pastèque mourut ».
Livre Cinq « La crue ».
Livre Six « Le château ».
Les rêves et l’enfance à Lowell, avec l’apparition nocturne du Docteur Sax qui vient hanter les nuits de Jack.
À noter le titre on ne peut plus étrange du livre quatre : « La nuit où l’homme à la pastèque mourut ».
En dehors du monde du sport et de ses nombreux amis, compagnons de jeunesse et de vie insouciante, l’inquiétant Docteur Sax vient hanter les nuits de Jack !
L’auteur évoque un monde cosmopolite, mélange de plusieurs origines, mais avec tous un dénominateur commun, le monde ouvrier. Ce n’est ni la misère, ni la pauvreté, mais guère plus.
Le livre deux est une suite de scènes où il est question de jeux de billes et de courses de chevaux, distraction pour l'intérieur les jours de mauvais temps ?
Cet homme qui transportait une pastèque un soir d’été, mort sur le pont qui franchissait le Merrimac, les nombreux décès qui marquent la vie d’un enfant, les chiens et les chats qui disparaissent, la mort toujours ! Et la religion catholique des Canadiens français, qui marqua Jack pour toute son existence !
L’inondation de la ville de Lowell fut un des faits marquants de l’histoire de la ville. Jack nous la narre à sa façon, période où pour aller voir son ami Paul, il fallait prendre une barque, les séances de cinéma où il allait avec Nine sa sœur, gratuitement, car leur père imprimait les programmes.
Et là-haut sur la colline… le Château… et une nuit à travers Lowell avec comme compagnon de route le Docteur Sax.
Puis vient la nuit de l’Apocalypse !
Le principal personnage de ce livre est Jack Kerouac lui-même et le monde qui l’entoure. On retrouve donc sa famille, père et mère, la sœur aînée, et Gérard, le frère défunt devenu saint. Kerouac lui consacrera un ouvrage complet « Visions de Gérard ».
Sax, ombre noire et sinistre, plane sur la ville et peuple les nuits de l’imaginaire de l’enfant Kerouac, le comte Condu dans son château vient aussi parfois.
On retrouve au fil des lignes W.C. Fields, les Marx Brothers, de la musique également, ce qui fabrique les souvenirs de tout un chacun.
Un livre « apaisé », mais foisonnant, un regard lucide et attendri sur une enfance somme toute heureuse malgré les drames de la vie.
On peut penser que l’apparition du Docteur Sax est le prélude des problèmes à venir.
Pour moi, un des meilleurs titres de Kerouac, une œuvre majeure dans sa bibliographie. Une relecture qui s’imposait.
Une écriture poétique quand Kerouac évoque la ville de Lowell, où il est né et a passé ses plus jeunes années :
- Tout Lowell chante sous nos yeux, et nous, nous traversons le pont en dansant. La crue est finie.
- Il n'y a rien de pire que la grande façade en pleurs des maisons, une maison familiale au milieu de la nuit.

21,00
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16 décembre 2015

Quatres amis et un enterrement.

Découverte de cet auteur californien né en 1933. Son premier roman « Accouplement » est paru aux États-Unis en 1991 et s’est vu attribuer le National Book Award. Une carrière tardive donc.
Nous sommes en 2003, dans la région américaine des Catskills au nord de New-York.
Ned et ses amis sont réunis pour les obsèques de leur ami et membre de la bande, Douglas. Celui-ci a eu un accident stupide, il roulait trop près d’un ravin sur sa tondeuse, la fatalité. Comme souvent, celle-ci permet les retrouvailles de gens qui se sont perdu de vue il y a des années.
Les années ont passé, les gens ont changé, chacun a sa propre vie et doit gérer ses problèmes.
Ned cherche à joindre Nina sa compagne ; il pense aussi à Claire avec qui il a vécu plusieurs années et qui fut aussi la compagne de Douglas.
Joris a deux enfants et plusieurs divorces à son palmarès, son fantasme, des liaisons avec des femmes mariées. Mais il est un consommateur avisé des maisons closes new-yorkaises.
Gruen, lui, est l’époux d’Helene, gros buveur dans sa jeunesse, il continue. Elliot reste en retrait et a pris d’office la fonction de majordome voulant régler les affaires des obsèques. Sa vie parait plus mystérieuse et il semble avoir une position un peu hors du groupe.
Ned est resté un utopiste et veut faire signer une pétition aux autres membres du groupe, sans beaucoup de succès. La décision de l’administration américaine de déclencher la guerre en Irak les divise.
L’autre sujet de discussion porte sur les femmes de leur entourage, Claire en particulier ! Aimée pendant un temps par certains, détestée tout le temps par d’autres !
Nina donne enfin des nouvelles et débarque un peu à l’improviste, Ned et elle font l’amour, mais ils ont un jeune spectateur !
Les préparatifs des obsèques se déroulent de manière étrange. Elliot veut tout régenter, les autres parlent entre eux et évoquent leur jeunesse d’étudiants et leurs amitiés très anciennes… mais chacun ayant suivi sa propre route, qu’en reste-t-il ? Des souvenirs communs, des femmes et des copains perdus de vue… Ils préparent un éloge funèbre pour le défunt, la presse et la télévision sont présentes ainsi que d’autres personnes qu’ils ne connaissent pas toujours…
Au fil de leurs conversations, des liaisons souterraines vont apparaitre, et les situations de chacun vont se révéler au grand jour !
Des personnages pas spécialement attachants, tentant de retrouver une jeunesse envolée depuis bien longtemps.
Douglas, le défunt, était devenu immensément riche, il a fait un beau mariage avec une très belle femme Iva ; il possédait une somptueuse maison dans la forêt. Mais qu’en est-il réellement au moment de cet accident stupide ?
Ses amis, Ned, Nina sa compagne, Gruen, Elliott, et Joris, se sont réunis comme autrefois , mais le temps a passé, que reste-t-il de cette ancienne amitié ?
Un roman subtil et un peu nostalgique d’une certaine bourgeoisie américaine. Des hommes qui étaient trop jeunes pour partir au Vietnam et trop vieux pour la future guerre d'Irak qui se profile à l’horizon.
Une belle écriture que je ne pense pas avoir appréciée à sa juste valeur, étant resté un peu sur le bord de la route.

Prix du Quai des Orfèvres 2016

Fayard

8,90
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14 décembre 2015

Mais par qui ?

Ce roman a obtenu le prix du Quai des Orfèvres 2016, ce qui est, me semble-t-il, une référence ! Auteur que je découvre avec cette œuvre !
Un cadavre de jeune fille nue est découvert dans le coffre d’une voiture qui stationnait depuis plusieurs jours devant un cimetière parisien ! Qui est-elle et depuis combien de temps est-elle décédée ? Et à qui appartient ce véhicule ? Beaucoup de questions sans réponse pour commencer cette enquête ?
L’équipe du 36 quai des Orfèvres s’attelle à la tâche et elle ne se présente pas sous les meilleurs auspices possibles.
Le propriétaire de la voiture est vite retrouvé, il n’est pas chez lui, le courrier s’entasse dans sa boîte aux lettres… pas étonnant il est en prison, mais pendant une perquisition pas trop réglementaire, la police découvre des photos plus que polissonnes. Des hommes uniquement, trois dans toutes les positions possibles et certaines, dans un cimetière. Ils sont vite identifiés comme des « amis » du propriétaire de la voiture, l’un est avocat et l’autre un dénommé Minko, travaillant dans une école, chez qui, sur les photos de classes, figure la jeune fille assassinée ; une dénommée Açelya Bozkir.
Un cheveu est également trouvé dans le coffre de la voiture… pas celui de la victime, c’est certain. Les parents de celle-ci pensaient qu’elle était pour la durée des vacances chez son amie Jessica, la mère de celle-ci dit, elle, que sa fille est chez Açelya ! Mensonge collectif ! Mais pourquoi ?
Surtout que Jessica ne donne plus de nouvelles. La police envisage un enlèvement.
Mais que faisaient les deux jeunes filles dans une chambre d’hôtel de Bagnolet… rien à part filer le parfait amour, tout simplement.
Les enquêteurs apprennent que Jessica avait eu une altercation avec un de ses professeurs, une autre piste envisagée. Celui-ci, vacances obligent, n’est pas chez lui, mais pas non plus à Lens chez son épouse qui le croit au travail à Paris. Il se présente de lui-même à la police, il était à Biarritz en charmante compagnie ! Il semble que cette piste ne soit pas la bonne.
Et Jessica est toujours introuvable.
La police pense tenir une autre piste, une Audi 4X4… mais le propriétaire semble avoir un solide alibi, il était en effet à Biarritz, depuis plusieurs jours. Biarritz, le professeur de Jessica était également dans cette ville.
Retour à la case départ, mais le sort de la jeune disparue inquiète la police, et de plus en plus.
Ce qui semble une faute d’orthographe va leur donner la clé de l’énigme.
Beaucoup de personnages à commencer par les forces de l’ordre, Quentin Fergeac en tête, qui a en permanence à l’esprit la mort de son fils Yann, victime du jeu du foulard !
On passe des banlieues parisiennes quasiment interdites à la police aux zones où une certaine bourgeoisie fortunée se croit, elle aussi, peu concernée par les règles de la république.
Ses collègues et lui forment une sorte de commando au service de la loi. En lisant ce roman on découvre (enfin moi) les rouages du 36 Quai des Orfèvres (en la matière).
En plus d’une histoire diabolique, on reconnait dans ce livre les connaissances de l’auteur en matière de police et d’enquêtes. Normal, me direz-vous, Lionel Olivier est un ancien policier !
Restons un peu gaulois, un banquet réunit toute l’équipe à la fin de l’enquête, le marc d’Auvergne est de la fête, l’amitié aussi.

22,00
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10 décembre 2015

Mondes cruels.

Première lecture de cette très célèbre auteure américaine plutôt connue, me semble-t-il, par ses romans que par ses recueils de nouvelles. La quatrième de couverture donne le ton, c’est dur, très dur !
Seize nouvelles en trois parties sur quatre cent soixante-quinze pages ! Taille respectable pour ce genre d’ouvrage.
Dans « Tête de citrouille » une femme Hadley, récente veuve, a un choc en cette soirée d’Halloween ; un homme avec une citrouille sonne à sa porte ! Cet homme, Anton Kruppe, elle le connait à peine et regrette fort de l’avoir invité à passer la voir ! En fin de soirée elle le regrettera beaucoup !
« Une agression à l’arme blanche » nous explique comment de bouche à oreille et suivant la crise d’un couple en instance de séparation une histoire peut être déformée ! Un très bon texte !
« La baby-sitter », une femme se pose la question : le faire ou pas ? Elle le fera ! Et la pauvre petite baby-sitter Philippine n’y est absolument pour rien ! Tout ce qu’elle a fait c’est de garder les enfants !
« Amputée », au jeu de l’amour et du hasard, des fois on gagne, des fois on perd. L’amour c’est beau pour cette femme amputée des jambes au niveau des genoux, mais son amant est marié ! Le jeu, ce sont pour elle les casinos et les tables de jeu d’Atlantic City ! Une histoire forte !
Les enfants sont souvent cruels avec les plus faibles qu’eux ! Dans « Chasseur de primes », le pauvre Arvin Huehner le payât de sa vie !
Adrienne Meyer, personnage principal de « Succession » ne s’attendait pas à la suite d’évènements qui allaient jalonner sa journée ! Elle venait pour la succession de son époux récemment décédé, elle repart avec un bébé dans les bras ! Une histoire des plus étranges et angoissante !
« Don d’organes » m’a posé un problème de lecture, non pas que le texte soit mauvais, mais la technique de présentation m’a franchement rebuté !
La nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage clôt ce livre. Et elle ne dépareille pas, bien au contraire !
Sophie est veuve depuis peu. Elle reçoit une mystérieuse enveloppe. Comme expéditeur une initiale K, puis une autre signée Klok… Elle se souvient et accepte une invitation dans le fin fond du Minnesota à trois heures de voiture du dernier aéroport…
Beaucoup de personnages, certains sont insupportables comme cette belle femme, ancien mannequin, qui rencontre sa fille venant de subir une très grave opération ! Rien ne lui convient, aucun restaurant ne trouve grâce à ses yeux ! Désespérant ! Une jeune fille de quatorze ans est au chevet de son père mystérieusement passé à tabac, elle croise par hasard un ancien de ses professeurs, méfie-toi fillette ! Une jeune fille retrouve son cousin Sonny dont elle était amoureuse il y a quelques années. Il vit en foyer après avoir purgé une peine de prison ; l’accueil n’est pas celui qu’elle espérait. Se retrouver en allant chercher des actes de décès, est-ce pour Yvonne et Willie la renaissance d’une relation amoureuse lointaine ? Durant une soirée anniversaire, la maîtresse de maison parle avec un de ses convives, le jeune homme semble bien la connaitre, mais elle pas du tout ! Un malaise s’installe, car l’invité n’est pas des plus éduqués et a des propos incohérents. Un petit garçon de 4 ans ne comprend pas les changements dans sa vie de famille, son père est tous les jours à la maison, sa nounou n’est plus là, et les promenades avec son géniteur sont souvent bizarres.
Des femmes surtout, qui voient leurs existences mises à mal par des évènements souvent tragiques. La mort est très souvent présente, le veuvage aussi.
Quelques titres de nouvelles annoncent clairement la couleur : « Saloperie », « Amputée », « Correction », « Succession », « Don d’organes », « Certificat de décès ».
Certaines de ces nouvelles sont glauques avec parfois des chutes très énigmatiques, une écriture de grande qualité mais que j’ai trouvé relativement ardue.