Ponant

Florent Georgesco, Sibylle Grimbert, Hannah Nordhaus

Plein Jour

21,00
Conseillé par
11 octobre 2017

Julia Staab, décédée en 1896, a commencé à faire parler d'elle dans les années 1970. Elle hanterait les couloirs de son ancienne demeure de Santa Fé devenu un hôtel.
Ce fantôme est la trisaïeule de l'auteur qui est intriguée par les rumeurs et les spéculations entourant les circonstances de sa mort car ces rumeurs remettent en cause la légende familiale. Arrivée à l'âge mûr, elle veut en avoir le cœur net et savoir d'où et de qui elle vient exactement. Elle se lance alors sur la trace de ses ancêtres dans une vaste quête qui l'entraîne à travers du temps et des continents.
Elle nous livre ici le résultat de ses nombreuses recherches, nous plongeant dans un récit foisonnant qui n'est ni une biographie ni un roman historique mais plutôt une chasse aux fantômes.
Malgré quelques longueurs et une légère tendance à la répétition, l'ensemble est assez passionnant et original.

Conseillé par
25 août 2017

A travers la description de son enfance, Tayatitaawa, une jeune indienne hopi nous initie aux us et coutumes de son peuple. En nous faisant partager son quotidien, elle dévoile des traditions sociales et culturelles complexes, profondément imprégnées de croyances magiques qui lui font envisager la vie d'une façon tout à fait particulière. Si Tayatitaawa ne révèle pas tous les secrets de son clan, elle nous donne quand même l'occasion de vivre une extraordinaire expérience chamanique lorsqu'une vielle blessure mal cicatrisée réveille en elle une immense douleur. Une douleur que seul un guérisseur peut essayer de cerner pour la calmer.
Le récit de la vie de cette jeune fille nous entraîne dans un voyage fascinant en territoire inconnu. Enfin... inconnu pour moi dont les connaissances en matière d'amérindiens se limitent à ce que m'ont montré les westerns de mon enfance. c'est à dire n'importe quoi.

Bérengère Cournut, elle, nous transmet son savoir sur le peuple hopi sans aucun folklorisme de mauvais aloi mais avec un grand respect.
L'absence de repères dans le temps mis à part quelques petits détails qui permettent de situer l'histoire à notre époque,le côté intact des traditions et des croyances ancestrales vierges de toute empreinte laissée par les missionnaires, donnent au récit la dimension intemporelle des belles histoires qu'on oublie pas.

Conseillé par
19 août 2017

À la fois chronique sociale et familiale, l'histoire de Melvut s'étale sur une large période allant de 1968 à 2012 qui nous plonge au coeur d'un Istanbul inattendu, celui d'un sous-prolétariat né de l'exode rural, vivant en périphérie urbaine dans des bidonvilles construits sur les collines.
Ce roman qui donne la parole à Melvut et aux siens fait la peinture d'une ville en mutation et exprime sur un fond historique assez détaillé la réalité d'une société très politisée, coutumière des tensions sociales et divisée entre modernité et tradition.
Même si Melvut assiste aux petits et grands évenements qui ont traversé ces quatre décennies, il se garde bien de de porter un jugement ou de prendre parti. Quand son père lui a appris le métier de vendeur de boza, il lui a appris avant tout d'être un homme qui voit tout et qu'on ne voit pas, qui entend tout mais qui fait comme s'il n'avait rien entendu. Melvut est un homme un peu naîf qui accepte les choses avec un fatalisme tout oriental mais qui reste optimiste malgré ce petit quelque chose en lui de mélancolique qui l'empêche d'être en adéquation totale avec le monde dans lequel il vit. Comme une nostalgie d'un temps révolu dont le boza reste le symbole...

C'est une lecture passionnante, enrichissante pour qui veut comprendre l'âme turque mais que j'ai trouvée un peu longue même si le style simple et très vivant accroche le lecteur. Ce roman m'a fait penser à une énorme boîte de loukoums de chez Haci Bekir (les meilleurs d'Istanbul) qu'on se réjouit d'avaler. Au début on en savoure les différents goûts avec délectation mais comme la boîte est décidément trop grosse, on finit par saturer un peu. J'ai eu un peu de mal à venir à bout de ces 660 pages qui heureusement n'abîment pas les dents.

Conseillé par
8 août 2017

La religion de ma mère est un livre déroutant où le personnage principal, le double de l'auteur, est remué par maelström de sentiments contradictoires entre attirance et répulsion, haine et amour qui l'engluent dans un état second et le dépossèdent de lui même.
C'est là tout l'effet que lui fait, après dix ans d'exil, le retour dans son pays natal pour les funérailles de sa mère. Il y retrouve les souvenirs d'une enfance rendue heureuse malgré la misère grâce à l'amour infaillible de sa mère, une femme simple, une montagnarde kabyle tolérante et proche de la nature. Mais il y retrouve aussi toute la violence, la barbarie des militaires et de religieux qu'il a connue pendant les années noires et qui l'ont poussé à fuir l'Algérie. Violence qui semble avoir contaminé le peuple, capable de tendre une main charitable et de frapper de l'autre...

Les mots percutent, le ton est âpre, il ne s'adoucit pour devenir poétique qu'aux souvenirs de sa mère qui semble symboliser pour lui le peuple berbère dont il est le fervent défenseur. Il dénonce ici le mensonge identitaire et s'insurge contre le dogme fondateur de l'Algérie arabe et musulmane.
C'est une lecture pas vraiment confortable mais intéressante.

Éditions Gallmeister

22,40
Conseillé par
2 août 2017

Dans ce roman dédié à sa mère William Boyle fait alterner deux voix, celle d'une mère et de son fils.
La mère c'est Erica, la cinquantaine fatiguée par une vie d'une monotonie désespérante, les deuils et les difficultés financières .
Le fils, c'est Jim qui, à 23 ans, traîne ses baskets et son cafard chronique. Incapable de faire face à la dureté de la vie, il zone et noie sa désolation dans l'alcool.
Alors que le lien entre la mère et le fils semblait définitivement brisé depuis que Jim a quitté la maison, une lueur d'espoir apparaît quand celui-ci revient.
Erica va tout faire pour renouer le lien...
À travers cette histoire, ce roman raconte la vie de tous les jours, les petits moments avec leurs peines mais aussi les rares instants de chaleur passés ensemble autour d'un verre, d'une cigarette. Une lecture pas follement gaie mais dont il se dégage une musique émouvante, déchirante comme celle d'un blues de Tom Waits.